CHAP. VI – MARC

A. L’ORIGINE

On sait relativement peu de l’auteur de cet évangile. Le livre ne le nomme nulle part. Il y a peu de passages qui donnent des indications à son sujet. La tradition veut qu’il soit Jean Marc, issu d’une famille chrétienne à Jérusalem et devenu l’assistant de Barnabas et Paul et probablement plus tard de Pierre. Il était le fils de marie, une amie des apôtres dont on parle en Actes 12. On se demande si sa maison ne servait pas de quartier général aux apôtres a Jérusalem et même si ce n’était pas là que se situait la chambre haute où Jésus a mangé le dernier repas avec ses disciples. Si tel est le cas, Marc connaissait bien les dirigeants de l’église dès son début.

Marc sortait d’une famille aisée, car sa mère était propriétaire de la maison et elle avait des esclaves. Barnabas, son cousin, possédait aussi des biens (Ac. 4:37). Il paraît donc que Marc a été élevé dans une famille qui alliait la piété et la culture.

C’est Barnabas qui l’a introduit dans le ministère. Il l’a emmené dans le premier voyage missionnaire que lui et Paul ont fait. Au milieu du voyage Marc les a abandonnés pour une raison qui n’est pas mentionnée. A l’occasion du second voyage, Barnabas voulut à nouveau se l’associer, mais Paul refusa. Cela amena la séparation entre Paul et Barnabas. Marc accompagna alors son cousin tandis que Paul reprenait la route avec un autre.

A partir de ce moment (environ 50 apr. 3-C) marc disparaît pendant une période d’environ 10 ans. Quand l’épître aux Colossiens fut écrite il avait rejoint Paul à Rome. Plus tard l’apôtre l’appellera “utile pour le ministère”. Il est fort probable qu’il fut également associé à Pierre (l Pi. 5:13). La tradition dit qu’il a aussi fondé des églises h Alexandrie.

B. Date et lieu

Les premiers témoins le lient en général à la prédication de Pierre à Rome entre 60 et 70 de l’ère chrétienne. Papias, Irénée, Clément d’Alexandrie, Origène et Eusèbe sont tous d’accord que marc a écrit l’évangile selon Pierre soit pendant sa vie ou tout de suite après.

L’évangile selon marc est concis, clair, succinct – un style conforme à l’esprit romain qui n’aimait pas les abstractions ou les formes littéraires. On y trouve aussi plusieurs latinismes dont il existait des équivalents grecs. On suppose que Marc les employait parce qu’ils lui étaient plus familiers. On trouve très peu d’allusions aux coutumes ou à la loi juive. Quand c’est le cas, il y a davantage d’explications que dans les autres synoptiques. Ces constatations s’accordent avec la tradition qui dit que l’évangile fut écrit pour les Romains.

C. Contenu

L’évangile selon marc est une narration historique qui présente un tableau représentatif de la personne et de l’œuvre de Christ. Ce n’est pas principalement une biographie car il ne mentionne pas la famille, la naissance, l’éducation, etc. du personnage central. Il donne plutôt une succession d’épisodes tirés de la carrière de Jésus avec plus de détails pour la dernière semaine. Il est presque entièrement objectif dans sa méthode. Il contient peu de commentaires; la narration raconte sa propre histoire. Il est bref, imagé, brusque, clair et puissant. C’est comme une série de photos sans étroite continuité entre elles. Pourtant quand on met le tout ensemble cela donne une bonne impression de la personne et de l’œuvre du Seigneur.

Le sujet se trouve dans le premier verset, “Commencement de l’évangile de Jésus-Christ, fils de Dieu”. La personne de Christ domine tout le récit. Ses œuvres sont la source principale d’intérêt, sa mort et sa résurrection amènent l’histoire à une conclusion saisissante.

On n’essaie ni de cacher ni d’exagérer l’élément surnaturel dans sa vie. Les miracles se lient presque toujours à un besoin humain précis; il les fait pour soulager des cas urgents et non pour se faire voir. Jésus avance calmement et sûrement vers le but qu’il s’est fixé. A la fin on laisse au lecteur le soin de prendre sa propre décision au sujet de la personne qu’on a présenté comme un homme et pourtant plus qu’un homme.

D. Plan

II est difficile de construire un plan de Marc à cause de son caractère impressionniste. L’auteur s’est fié à l’effet global de son message plutôt que sur une présentation strictement logique. Le plan suivant sera utile quand même.

MARC ; L’Evangile du Fils de Dieu

(Sujet)(Lieu) 
I. La préparation Le précurseur Le Baptême La tentationNazareth au désert1:2-13 1:2-8 1:9-11 1:12,13
II. Le début du ministère : Preuves d’identité Introduction : œuvres  Enseignement Suite du ministère : Autorité  Galilée     Décapole1:14-5:43 1:14-2:12 2:13-4:34   4:35-5:43
III. En plein ministère : Conflit Incroyance Danger politique Acclamation populaire (retraite) Traditionalisme (retraite)  Nazareth     Désert   Tyr, Sidon, Décapole6:1-8:26 6:1-6 6:7-29   6:30-56   7:24-8:26
IV. La fin du ministère : l’appel Révélation aux disciples (retraite) Appel au public    Césarée de Philippe Judée et Pérée8:27-10:31   8:27-9:50 10:1-31
V. Le dernier voyage : La croix Enseignement des disciples Guérisons Entrée triomphale ministère à Jérusalem Prédiction apocalyptique  Route de Jérusalem Jéricho Jérusalem10:32-13:37 10:32-45 10:46-52 11:1-11 11:12-12:44 13:1-37
VI. La Passion : Catastrophe Le complot Interlude Dernier repas Gethsémané Jugement devant Caïphe Reniement par Pierre Jugement devant Pilate La crucifixion L’enterrement    Béthanie Jérusalem  14:1-15:47 44:1,2,10,11 14:3-9 14:12-26 14:27-52 14:53-65 14:66-72 15:1-20 15:21-41 15:42-47
La Résurrection : commencement 16:1-8

E. POST-SCRIPTUM

Nous avons donné le plan de Marc en plus de détail que celui de Matthieu pour pouvoir montrer le rapport entre plusieurs éléments, Matthieu suit surtout le thème du messie, mais marc s’occupe de l’activité de Jésus qui est le fils de Dieu et aussi le serviteur de Dieu. Le plan de base se construit autour des changements géographiques de son ministère. Cet évangile dit très peu de choses de l’activité du Seigneur à Jérusalem avant la passion. Ce n’est qu’après la crise de son ministère qu’il s’est déplacé de Galilée à la Décapole. Les voyages à Tyr et Sidon et à Césarée de Philippe étaient des essais de se retirer du tumulte et du conflit qui entouraient son témoignage public. Il voulait prendre du temps pour réfléchir, prier et instruire ses disciples dans les vérités qu’ils comprenaient imparfaitement.

Le plan fait voir la progression de la pensée de Marc. Le mot “AUSSITOT” se trouve 42 fois, plus que dans tout le reste du Nouveau Testament. Il indique que Jésus à travers toute son activité variée se hâtait vers un but qu’il discernait mais qui était caché à la plupart de ses contemporains, même ses disciples ne le voyaient que faiblement, quand ses paroles illuminaient leur entendement.

Le plan cherche: à classer les matériaux que propose Marc. La première section est un récit abrégé de la préparation de Jésus à son œuvre. Elle donne la preuve de son identité : Jean témoigne de lui, l’Esprit l’oint, il est mis à l’épreuve dans le désert.

La seconde section donne l’impression de n’Être qu’une série d’événements divers. En fait c’est une suite de démonstrations de l’autorité de Jésus. La guérison du paralytique, placée au terme de la liste des guérisons, illustre son pouvoir de pardonner les péchés. Le débat avec les pharisiens sur les épis de blé ainsi que la guérison de l’homme à la main sèche l’établissent comme le maître du sabbat. Plusieurs passages mentionnent sa domination sur les démons, d’autres démontrent son pouvoir sur la nature et sur la mort. Conjointement avec ces preuves de sa supériorité, Marc présente maints enseignements. L’accent principal de cette première partie de la narration est sur la droit de Jésus de parler et d’agir comme fils de Dieu et fils de l’homme.

La troisième section poursuit l’exposé des enseignements et des miracles, mais donne en même temps une place plus importante au conflit. L’incrédulité de ses concitoyens, la menace politique d’Hérode qui avait fait mourir Jean et qui pouvait également chercher à nuire à Jésus, la popularité susceptible de le dérouter de sa mission divine, le traditionalisme des pharisiens, représentaient des forces auxquelles Jésus a dû résister.

La quatrième section commence avec la retraite de Jésus à Césarée de Philippe. C’est un point central dans le ministère de Jésus. Jésus appelle une confession de foi personnelle de ses disciples. Il leur dévoile pour la première fois la nécessité de sa mort, puis, dans la transfiguration, il leur révèle sa gloire réelle. Malheureusement ils ne l’ont pas compris quand il a parlé de sa mort.

La section cinq parle du dernier voyage à Jérusalem, Par l’enseignement qu’il donne a ses disciples, la guérison de Bartimée et l’entrée dramatique dans la ville, le Seigneur met en évidence sa volonté de servir Dieu et l’homme. Dans sa controverse avec les divers groupes religieux comme dans son discours apocalyptique Jésus expose des principes et des prédictions qui expliquent davantage le sens de sa mission. Il accentue surtout l’aspect divin de la vie humaine, qui culmine avec son retour à la fin de l’âge. Marc n’amoindrit pas la tragédie de la croix; mais m6me avant de raconter les événements de la passion, il indique que Jésus les surmontera triomphalement.

La section sur la passion ne varie pas beaucoup des autres récits évangéliques. On présente les événement des derniers jours de Jésus en ordre chronologique. C’est certainement la période la plus vivante et la plus importante de sa vie. Le style simple et clair de Marc relève la valeur de la narration et amène le lecteur à se demander pourquoi une personne si merveilleuse, avec une si grande autorité, devait mourir. L’évangile lui-même en donne deux raisons. La première est la déclaration de Jésus en 10:45 qu’il est venu “non pour Être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup”. La tragédie de l’évangile était une conséquence inévitable de son service pour les hommes et de leur rédemption. L’autre réponse se trouve dans la dernière section sur la résurrection. La découverte du tombeau vide était la preuve que quelque chose s’était passé dans le jardin de Joseph d’Arimathée et qu’on ne pouvait expliquer par aucune raison naturelle quelconque. Le témoignage positif de l’ange et la terreur soudaine des femmes prouvent que l’inattendu s’était réellement passé et que Jésus était réellement ressuscité.

F. Accent

Marc est aussi l’évangile des réactions personnelles. A travers ces pages on trouve les réponses des auditeurs de Jésus. Ils étaient “saisis de stupeur” (1:27), critiques (2:7), “saisis d’une grande crainte” (4:41), étonnée (7|37), amèrement hostile (14 11). Il y a eu moins vingt-trois références pareilles. Parallèlement à ces allusions à la réaction populaire Marc mentionne plusieurs entretiens particuliers de Jésus et attire l’attention souvent sur ses gestes personnels (3:5, 5:41, 7:33, 8:23, 9:27, 10:16).

Ces différents aspects font de Marc un évangile très vivant. Il emploie des temps de verbes (présent historique et imparfait) qui présentent l’action comme un développement plutôt que tout simplement un événement. Il utilise des expressions vives et pittoresques (voyez 1:12; 2:4; 3:11; 4:37; 6:39). Tout cela laisse entrevoir un témoin oculaire qui raconte exactement ce qu’il a vu et l’effet que cela a eu sur lui et sur d’autres.

Le but de cet évangile semble être principalement l’évangélisation. Il essaie de mettre la personne et l’œuvre de Christ devant les lecteurs comme un message nouveau, “l’évangile”, sans supposer une connaissance de la théologie de l’Ancien Testament. Ses brèves anecdotes, ses phrases épigrammatiques, ses applications précises do la vérité suivent la méthode d’un prédicateur en plein air parlant de Christ à une foule quelconque.

Comme nous avons déjà remarqué, Marc est un évangile d’action. Il n’a pas de prologue sauf pour le titre. Il y a très peu de citations directes de l’Ancien Testament quoiqu’il y ait de nombreuses allusions. Marc ne transmet que dix-huit des soixante-dix paraboles des évangiles, plusieurs n’ont qu’une phrase. Par rapport à sa longueur Marc donne plus de place aux miracles que les autres. Il en présente dix-huit des trente-cinq.

Questions et devoirs

Niveau 1 – Etudiez la leçon Répondez aux questions 1-10
Niveau 2 – En addition au travail du niveau 1, Lisez Manley, p 326 – 331
répondez aux questions 11 à 12
Niveau 3 – En addition au travail des premiers niveaux, faites la question 13.
  1. Que sait-on de l’auteur du deuxième évangile ? D’où venait son autorité ?
  2. Quand et pour qui Marc a-t-il écrit ?
  3. Comment marc présente-t-il la vie de Christ ?
  4. Décrivez une journée typique de la vie de Jésus d’après 1:32-39.
  5. Est-ce facile de faire un plan de Marc ? Qu’est-ce qui détermine la construction du plan de base ?
  6. Qu’est-ce que le mot “aussitôt” indique dans cet évangile ?
  7. Comment la deuxième section (1:14-5:43) démontre-t-elle l’autorité de Jésus ?
  8. Citez, avec référence, un miracle qui montre la puissance de Jésus sur :        a) la maladie           b) la nature            c) les démons        d) la mort
  9. Pourquoi Jésus cherche-t-il à se retirer ? Où va-t-il ?
  10. Quels sont les accents particuliers de Marc ?
  11. Quelle discussion y a-t-il au sujet des versets 16 : 9-20 ?
  12. Choisissez cinq passages que vous considérez assez importants pour mériter qu’on apprenne leur sujet et leur référence.
  13. Tracez à travers cet évangile le développement du conflit qui, du point de vue humain, amène la mort de Jésus.