CHAP. XII – LES ACTES DES APOTRES (2/2)

L’église d’Antioche

Le mouvement missionnaire commença avec l’établissement de l’Église à Antioche en Syrie. Suite a la persécution les croyants furent dispersés (8:4). A Antioche quelques-uns abandonnèrent la présentation de l’Evangile aux seuls Juifs et prêchèrent aussi aux Grecs (11:19,20). L’église qui en résulta devint le point de départ d’une nouvelle entreprise missionnaire.

On ne connaît pas la date de l’établissement de l’église à Antioche, mais ce fut probablement entre 33 et 40. Un certain temps s’écoula avant que l’attention de l’église de Jérusalem fût attirée. Elle délégua ensuite à Barnabas la tâche de visiter cette nouvelle œuvre. Il y travailla indépendamment pendant quelque temps, puis chercha Paul pour le seconder.

Plusieurs choses donnent de l’importance à cette église. D’abord, elle fut la mère des églises païennes. Le groupe de Corneille ne peut-être qualifié d’église, car il ne rassemblait qu’une famille et les personnes qui s’y rattachaient. Ce fut de là ensuite que partit la première mission connue en direction du monde non évangélisé. Là débuta la première controverse concernant la place du croyant païen. Ce fut aussi un centre où les dirigeants de l’église se rencontraient. Paul, Pierre, Barnabas, Tite, Marc, Silas, et peut-être Luc y ont été a un moment ou un autre.

En outre, il est même possible que dos évangiles y aient leur origine. Il existe une possibilité de contact entre Marc et Luc à Antioche. Ignace, évoque d’Antioche à la fin du premier siècle, citait exclusivement Matthieu en parlant de l’évangile, -comme si c’était le seul qu’il connaisse. On suppose donc une origine antiochéenne pour Matthieu. Si ces trois évangiles ont leurs racines dans l’enseignement oral de l’église à Antioche, leur ministère dans le monde est, en quelque sorte, un legs de cette église.

Cette église se distinguait également par son ministère d’enseignement. On y mentionne plusieurs docteurs (13:1). Leur ministère a dû faire d’Antioche un centre célèbre pour son enseignement. Cette ville finit par remplacer Jérusalem comme centre de prédication et comme quartier général de la mission d’évangélisation.

Mais le fait le plus saillant au sujet de cette église fut son témoignage. C’est à Antioche qu’on appela les disciples “chrétiens” pour la première fois (11:26). Avant on tenait les croyants en Jésus pour une secte du judaïsme.

A Antioche on commença à voir la différence et on leur donna un titre nouveau. “Chrétien” veut dire “qui appartient à Christ”. On leur a probablement donné ce nom d’abord par méchanceté, mais le caractère des disciples et leur témoignage lui ont donné une signification de valeur.

La mission aux païens

Vers l’an 46 l’église d’Antioche était devenue stable et active. Les chrétiens étaient instruits dans la foi, avaient établi leur réputation dans la ville et avaient organisé un service de secours en faveur de l’église de Jérusalem. Dans l’exercice ordinaire du culte ils reçurent l’ordre de “mettre à part Barnabas et Saul” (13:2) pour une œuvre spéciale, En obéissance à cette direction du Saint-Esprit l’église consacra ces deux hommes à cette tâche nouvelle et les envoya en mission.

Le premier voyage s’est concentré dans le centre sud de l’Asie mineure après un court ministère sur l’île de Chypre. Plusieurs événements importants se sont passés pendant ce voyage. Paul y devint un dirigeant de l’église égal aux apôtres (Gai. 2:7-9). Dean marc a probablement appris des leçons importantes malgré son abandon. C’est probablement durant ce voyage que le premier contact avec Timothée eut lieu. Par dessus tout, il signifie un nouveau départ dans la pensée théologique de l’église, car des événements de ce voyage est sortie la doctrine paulinienne de la justification par la foi.

Le Concile de Jérusalem se place probablement entre le premier et le deuxième voyage de Paul. La croissance rapide de l’église païenne fixa l’attention sur un nouveau problème. Si les païens croyaient en Jésus comme Messie, et s’ils l’acceptaient comme Sauveur et maître, devait-on alors exiger qu’ils gardent les préceptes de la Loi ? Jésus s’était placé au-dessus de la Loi et de Moïse tant en ce qui concerne sa personne que son enseignement. On ne reconnut pas tout de suite la pleine signification de ses paroles, mais graduellement, sous la direction du Saint-Esprit, on commença à s’éloigner du légalisme en direction de la foi. Avec la mission aux païens, qui eux ne savaient rien de la Loi et qui étaient entrés dans la communion chrétienne uniquement par la foi, la divergence d’opinion dans l’église devint aiguë. Le débat de Pierre avec les chrétiens juifs après sa visite chez Corneille indique la tension qui existait d’assez bonne heure. Ce n’est que quand il eut donné un rapport sur l’activité du Saint-Esprit qu’ils admirent la possibilité du salut pour les païens.

L’élément légaliste se maintint pourtant à Jérusalem. Lors du retour de Paul et de Barnabas de leur premier voyage missionnaire, ils racontèrent le succès de leur prédication. Cependant des hommes venus de la Judée disaient : “Si vous ne vous faites pas circoncire selon la coutume de Moïse, vous ne pouvez Être sauvés”. Quel choc pour les païens! Ils n’avaient pas été élevés sous la Loi, et leur expérience spirituelle depuis leur conversion s’était montrée tout à fait satisfaisante sans l’observation de cérémonies. De plus ils avaient trouvé la délivrance du légalisme et du cérémonialisme de leur propre religion. Pourquoi devraient-ils se remettre sous un autre esclavage ? C’est alors que la lutte s’engagea. Lisez Actes 15 pour l’histoire complète.

La décision finale fut de demander qu’ils s’abstiennent de certaines pratiques qui seraient particulièrement offensantes pour leurs frères juifs, notamment, 1) l’idolâtrie, 2) la fornication, 3) les animaux étouffés et 4) le sang. On suggéra ces règles davantage comme base de communion que comme programme d’éthique. Néanmoins les deux premiers points étaient des questions morales qu’il fallait régler malgré la loi juive. Il faut noter que certains manuscrits omettent “ce qui est étranglé”. Si telle était la lecture correcte, on pourrait interpréter “du sang” comme une référence au meurtre et alors tous les trois auraient une valeur morale.

Cette controverse sur la circoncision n’était pas un incident insignifiant qui affectait seules les églises d’Antioche et de Jérusalem réglé par quelques concessions aux préjugés des Juifs. Des questions plus profondes s’y trouvaient. Quelle est la place de la Loi dans le plan de Dieu ? L’obéissance à la loi était-elle nécessaire pour le salut en addition à la foi ? Si les païens ne devaient pas garder la loi, quelle relation y avait-il alors entre le salut et la conduite éthique ? Quel lien y a-t-il entre la foi et les œuvres ? Ces problèmes et d’autres de nature similaire se reflètent dans beaucoup de livres du Nouveau Testament qui ont été écrits entre 50 et 60 apr. J-C.

C’est Paul qui suggère le deuxième voyage missionnaire. C’était pour consolider le travail du premier, par l’instruction et l’organisation des nouveaux convertis. Un différend sépare Paul et Barnabas; Paul emmène avec lui Silas; Barnabas et Jean Marc vont de leur côté.

Ils repassent par les endroits visités lors du premier voyage. La chose la plus importante de cette période fut l’adhésion de Timothée au groupe de Paul. On ne donne pas d’autres détails sur en voyage sauf que “les églises se fortifiaient dans la foi et augmentaient en nombre de jour en jour”. Ayant achevé sa visite de la Galatie, Paul cherchait de nouveaux champs d’activité. L’Esprit l’empêchant de travailler encore dans l’Asie le dirigea à Troas où il reçut la vision Macédonienne. Il passa donc en Europe où il travailla avec succès en macédoine et en Achaîe.

Après une courte visite en Palestine et à Antioche Paul entreprit son troisième voyage. Il commença de nouveau par la visite des églises fondées lors des voyages précédents. Puis il arriva à Ephèse où il exerça le ministère le plus important de ce voyage. Il y resta plus de trois ans.

La fin de la mission

Paul prit le chemin de retour pour Jérusalem. Il ne fit que deux brèves escales : à Troas et à lYlilet. En chemin, les disciples de Tyr et le prophète Agabus à Césarée conseillèrent à Paul do no pas monter à Jérusalem, mais il persista dans son projet malgré tout.

La dernière section des Actes s’occupe principalement de l’emprisonnement et du procès de Paul, Des Juifs d’Asie, voyant Paul au Temple et supposant qu’il y avait fait entrer des païens, commencèrent une émeute. Comme résultat il fut arrêté par les Romains. Il passa deux ans en prison à Césarée avant d’aller plaider son cas à Rome où il passa également deux ans en prison. Il ne resta pourtant pas inactif pendant cette période. Même à Jérusalem il avait des contacts avec l’extérieur (23:16), à Rome il avait sa propre maison louée où il pouvait recevoir qui il voulait. Il profita aussi de cette occasion pour écrire au moins quatre de ses épîtres. C’est en prison à Rome que le livre des Actes laisse l’apôtre Paul.

LES VOYAGES MISSIONNAIRES DE PAUL

RéférencesEndroits visitésPersonnesEvénements principauxRésultats principaux
IActes 13:4 à 14:28Départ d’Antioche (Syrie) Séleucie Chypre; Salamis Paphos Pamphilie : Perge Galatie : Antioche, Iconie Retour à Antioche (Syrie)Paul Barnabas Jean Marc Lutte avec Elymaa a Paphos Sermon à la synagogue d’Antioche (Pisidie) Adoration de Paul et Barnabas à Lystre Paul prêche, puis on le lapida à LystreConversion de Sergius Paulus à Paphos Conversions et bagarres à Antioche (Pisidie) Eglises établies dans les villes de la Galatie Anciens nommés Rapport sur le voyage à l’église d’Antioche (Syrie)
IIActes 15:36 à 18:22Départ d’Antioche (Syrie) Syrie et Silicie Galatie : Lystre et Derbe et Troas Macédoine : Philippes Bérée Thessalonique, Achaïe : Athènes Corinthe Asie : Ephèse Césarée Retour à Antioche (Syrie)Paul Silas Timothée(Luc)Timothée ajouté au groupe Vision à Troas, Luc ajouté au groupe Prédication et emprisonnement à Philippes Prédication et persécution Prédication à Bêrée à Thessalonique Sermon à Athènes Séjour de 18 mois à Corinthe Court séjour à EpheseConversion de Lydie, du geôlier à Philippes Eglise établie à Thess. Conversion de Denys et Damaris à Athènes Eglise établie à Corinthe
IIIActes 18:23 à 21:14Départ d’Antioche (Syrie Galatie et Phrygie Asie : Ephese macédoine Troas Grèce Villes macédoniennes Asie : Milet Ptolemaïs Césarée JérusalemPaul Silas Timothé (Luc) GaîusAristarque Sopater Second Tychique Trophimeministère d’enseignement à Ephese (2-3 ans) Emeute des orfèvres Prédication à Troas Eutychus ressuscité Adieu aux anciens d’Ephèse à milet Paul averti à Césarée par AgabusEglise établie à Ephese : centre d’évangélisation Instruction des anciens éphésiens sur leurs responsabilités.

Questions et devoirs

Niveau 1Etudiez la leçon
Lisez Actes 11:19 – 28:31
Répondez aux questions 1à 10
Niveau 2En plus répondez aux questions 11 et 12
Niveau 3En plus répondez à la question 13
  1. Comment l’église d’Antioche fut-elle Fondée et développée ? Quelle a été son importance ?
  2. Quelle fut l’origine de la mission aux païens ?
  3. Où est-on allé lors du premier voyage missionnaire ? Quels sont les personnages et événements principaux ?
  4. Où est-on allé lors du deuxième voyage ? Quels sont les événements principaux ?
  5. Où est-on allé lors du troisième voyage ? Quels sont les événements principaux ?
  6. Qu’est-ce que le concile de Jérusalem ? Pourquoi l’a-t-an convoqué ? Quelle décision y a-t-on prise ?
  7. Où trouve-t-on les trois récits de la conversion de Paul ? Quels sont les éléments principaux de cette conversion ?
  8. Quelle leçon les Béréens nous donnent-ils ?
  9. Quel est le rapport entre les évangiles, les Actes et les épîtres ?
  10. mettez les endroits suivants sur la carte de cette leçon :

a. Torse g. Antioche m. Jerusalem b. Damas h. Césarée n. Chypre

c. Crête i. Galatie o. Troas d. Corinthe j. Philippe p. Macédoine

e. Achaîe k. Thessalonique q. Rome f. Ephèse l. Alexandrie

  1. En étudiant le travail missionnaire de Paul et ses collègues pouvez-vous trouver quelques principes de travail qu’ils observaient ?
  2. Pourquoi Paul a-t-il fait circoncire Timothée ? Comparez Gal. 2:3.
  3. Etudiez l’action du Saint-Esprit dans ce livre a la lumière de Jean 14-16 et l’enseignement de l’évangile selon Luc.

CHAP. XI – LES ACTES DES APOTRES (1/2)

Entre le ministère du Seigneur Jésus et l’église établie il y a une division importante. Comment les disciples de Jésus, obscurs Galiléens et Judéens, sont-ils devenus des personnages universels ? Qu’est-ce qui transforme cette timidité, qui les avait poussés à la fuite et au reniement lors de la crucifixion, en une hardiesse qui fit d’eux des défenseurs de la nouvelle foi ? Comment ces prédicateurs, homme “du peuple sans instruction”, ont-ils eu un tel impact sur le monde, qu’ils ont créé une culture nouvelle, qui a façonné la civilisation occidentale ? Quelle a été l’origine des vérités théologiques trouvées dans le Nouveau Testament ? Le livre des Actes, seul lien antre le ministère de Jésus et le christianisme développé, répond à ces questions et à bien d’autres.

Plan

1. Introduction  1:1-11
2. L’origine de l’Eglise : Jérusalem   1:12-8:3
3. La période de transition : Samarie  8:4-11:18
4. L’expansion aux païens : Mission de Paul 11:19-21:16
5. L’emprisonnement et la défense de Paul21:17-28:31

Date

1. La mort d’Hérode Agrippa I  Actes 12:20-2344
2. La famine sous Claude Actes 11:2844-48
3. Proconsulat de Sergius PaulusActes 13:7Avant 51
4. Juifs expulsés de Rome par ClaudeActes 18:249
5. Proconsulat de GallionActes 18 :1252-53
6. Proconsulat de FélixActes 23:26-24:2752-56
7. Accession de Festus Actes 24:2757-60

Ces dates sont importantes car elles nous aident à fixer les dates des événements importants dans l’établissement de l’église.

But

Le premier but est historique. Actes n’est pas une œuvre indépendante. C’est le deuxième tome de l’histoire écrite par Luc. Son thème est la croissance de l’Eglise. Comme dans son évangile il est sélectif et ne parle que de ce qu’il connaît ou a pu vérifier soigneusement. C’est pour cela qu’il ne développe que l’extension vers Antioche et l’Asie mineure jusqu’à Rome. C’est ainsi qu’il démontre la continuité et la puissance de l’Evangile. En même temps il illustre les principes et l’efficacité d’une église dirigée par le Saint-Esprit. Ce livre couvre la période da 29 à 60 apr. J-C.

Il y a aussi le but apologétique. Le livre retrace la relation du christianisme au gouvernement romain, dès son origine jusqu’au jugement de Paul à Rome. On peut se demander si Luc n’essayait pas de prouver que le christianisme ne représentait pas de menace politique, sa nature étant entièrement spirituelle.

La fondation : Actes 1:1 à 8:3

On peut appeler la première période dans l’histoire de l’Eglise celle de l’établissement. Au début on n’a pas rompu brusquement avec le judaïsme. La Pentecôte était une f6te juive avant de devenir un anniversaire chrétien. Dans la prédication des apôtres on trouve l’interprétation de l’Ancien Testament, l’accent est mis sur la fonction messianique de Jésus. Les apôtres se rendaient au Temple pour adorer, Etienne a des débats dans les synagogues à Jérusalem.

Pourtant l’Eglise n’était pas simplement le produit du judaïsme. Luc fait voir clairement dans son évangile que la carrière de Jésus, de sa naissance ô sa mort, fut miraculeuse. L’Eglise, selon-Luc, est une chose nouvelle parmi les hommes.

La pentecôte

L’Eglise est née le jour de la Pentecôte. Un total de 120 croyants était rassemblé pour prier selon l’ordre de Christ. Le Saint-Esprit descendit sur eux avec des signes visibles et audibles. Cette venue accomplissait ainsi la prédiction de Jean (Luc 3:15,16) et la promesse de Jésus (Luc 24:49). Pierre ajoute que ce fut l’accomplissement de la prophétie de Joël et aussi une preuve de la résurrection de Jésus. Cette descente de l’Esprit a soudé les croyants en un seul groupe et leur a donné une unité qu’ils ne possédaient pas auparavant. Elle leur a donné la hardiesse de faire face aux dangers de la persécution (2:4; 4:8, 31; 6:8-15).

La prédication primitive

La prédication au cours de cette première période s’occupait principalement de la vie et de la personne de Christ. C’était une narration de la vie et de l’œuvre de Christ, avec une défense de sa résurrection se terminant par un appel à la repentance et à la foi en son nom. Cette prédication apostolique était fortement biblique. Quoique le Nouveau Testament ne fût pas encore écrit, on trouve beaucoup de références à l’Ancien. Le centre de cette prédication était la nécessité de croire dans le Messie ressuscité, de se repentir st de recevoir le Saint-Esprit. Elle s’accompagnait toujours d’instruction, de sorte que les nouveaux convertis étaient liés ensemble par une connaissance commune et une action commune.

L’organisation et les dirigeants

La première église de Jérusalem n’était pas très organisée. Les apôtres, à cause de leurs fonctions de prédicateurs et d’enseignants, étaient d’office les dirigeants. Lorsque surgirent des plaintes suscitées par une négligence, ce furent eux qui proposèrent la nomination d’hommes qualifiés pour surveiller cette partie du travail de l’église.

Il a été dit beaucoup de choses au sujet de la communauté de biens dans l’église primitive. C’est grâce à cela qu’on faisait la distribution aux pauvres. Il est vrai qu’on avait tout en commun, mais les dons étaient volontaires, provoqués de toute évidence par la situation difficile à Jérusalem où il y avait beaucoup de pauvres parmi les saints. On ne trouve nulle part que d’autres églises l’aient pratiquée quoique l’aide aux pauvres fût généralement exercée.

Les réunions se faisaient au Temple ou dans des maisons où se donnait l’enseignement accompagné de la fraction du pain et des prières. Pierre, Jean et Etienne étaient les dirigeants. Des trois, Jean étaient le moins en vue. Pierre dominait comme prédicateur. Etienne, l’un des sept, devint un apologiste de renom dans l’église primitive. Il fut le premier martyr chrétien.

La première dispersion

Lors de la mort violente d’Etienne, et à cause des mesures draconiennes prisas par les Juifs pour écraser le nouveau mouvement, la majorité des chrétiens de Jérusalem furent dispersés en Judée et en Samarie. Dès lors on dit peu de choses de l’église de Jérusalem. La dispersion des croyants amena cependant des résultats très heureux.

La transition : Actes 8:4-11:18


La prédication en Samarie

Les sept avaient été nommés pour s’occuper des veuves de l’église de Jérusalem mais ils ne se contentèrent pas de rester dans le service des tables. Etienne devint un apologiste et Philippe un évangéliste. Chassé de Jérusalem, Philippe partit en Samarie où il commença à prêcher. Ce fut un acte surprenant de la part d’un Juif, car les Juifs n’aimaient pas du tout les Samaritains. Ce fait démontre pourtant qu’il avait une vision de ce que son message pourrait faire pour d’autres peuples. La réponse fut surprenante également. Les Samaritains abandonnèrent leurs superstitions pour croire en Christ.

Pierre et Jean vinrent alors aider Philippe. Ils constatèrent ce qui s’était accompli et s’assurèrent que les -Samaritains avaient reçu le Saint-Esprit. Le livre des Actes raconte quatre occasions où l’Esprit est descendu sur l’homme d’une manière spectaculaire : sur les disciples à Pentecôte, les Samaritains, chez Corneille, et les disciples de Jean-Baptiste à Ephèse. Chacun de ces cas représente la présentation de l’Esprit à un groupe différent.

L’eunuque éthiopien

II s’agit d’un officier de la cour éthiopienne, probablement un prosélyte qui retournait d’un pèlerinage ù Jérusalem. L’entretien avec Philippe illustre plusieurs principes de la croissance de l’Eglise. Comme dans le cas des Samaritains il n’y avait plus de barrières de race. Ainsi le ministère auprès d’un individu isolé était-il aussi important aux yeux de Dieu qu’un mouvement de masse. On démontre également la manière de prêcher Jésus à partir de passages de l’Ancien Testament.., Le livre des Actes ne parle pas des conséquences de cet entretien.

La conversion de Paul

Le ministère de Philippe illustrait l’ouverture de l’Evangile à d’autres groupes; par la conversion de Paul Dieu disposait d’un nouveau dirigeant. A part l’œuvre de Christ lui-même, la conversion de Saul de Tarse fut probablement l’événement le plus important de l’histoire du christianisme. Du même coup l’ennemi le plus acharné de l’Evangile est éliminé, le môme homme devenant l’un des meilleurs missionnaires.

La prédication de Pierre

Entre-temps Dieu utilisait toujours des personnalités déjà en place dans l’Eglise, Pierre étant la principale. Avec la période de la transition son ministère se trouva agrandi (Actes 9:32-43).

L’événement important de cette période fut la conversion de Corneille, un centenier romain. Il semble bien qu’il s’intéressait au judaïsme, sans toutefois devenir un prosélyte. Il avait mis sa confiance dans l’Eternel et s’était attaché à la Synagogue.

La direction divine que Pierre reçut pour aller chez cet homme est importante pour plusieurs raisons. D’abord elle indiquait que le salut de Dieu ne se limitait pas à une race. Ensuite la conversion de Corneille fut l’ouverture qui introduisit les païens dans l’Eglise. La première réaction à l’ordre divin fut un refus de participer à une chose impure à ses yeux. Persuadé par Dieu, il y alla quand même. La conversion de ces païens fut tellement convaincante que Pierre proposa leur baptême et les reçut dans la communion. L’intégration de ces hommes souleva des questions qui troublèrent l’Eglise pendant quelque temps encore ; mais l’Esprit avait marqué leur conversion d’une manière si évidente qu’on ne put les refuser.


Questions et devoirs

Niveau 1 – Etudiez la leçon
Lisez Actes 1:1-11:18
Répondez aux questions 1 à 10

Niveau 2 – En addition au travail du niveau 1,
Lisez Manley, p 342 – 345
Répondez aux questions 11 à 12

Niveau 3 – En addition au travail des premiers niveaux,
faites la question 13.

  1. Quelles sont quelques-uns des questions les plus importantes auxquelles seul le livre des Actes répond ?
  2. Pourquoi Luc a-t-il écrit les Actes ?
  3. Y a-t-il eu une rupture brusque avec le judaïsme ? Le christianisme est-il donc un résultat normal du judaïsme ?
  4. Quel est le rôle de la Pentecôte dans l’établissement de l’Eglise ? Combien de fois en Actes y a-t-il eu des signes spectaculaires avec la descente du Saint-Esprit ? Pourquoi ?
  5. Qu’est-ce qui caractérisait la prédication apostolique ?
  6. Décrivez l’organisation de l’Eglise primitive.
  7. Pourquoi la première dispersion a-t-elle eu lieu ? Quels en ont été les résultats ?
  8. Quelles leçons apprend-on de la mission en Somarie et de la conversion de l’eunuque éthiopien ?
  9. Quelle est l’importance de la conversion de Saul de Tarse ?
  10. Que faisait Pierre pendant la période de transition ?
  11. Quels seraient, a votre avis, deux principes également logiques pour déterminer un plan pour le livre des Actes ?
  12. Faites une courte biographie de Paul : origine, famille, instruction, activités, conversion et influence.
  13. Faites une comparaison entre Pierre et Paul : Actions, prédications, rôles, attitudes, etc.

CHAP. VII – LUC

L’ORIGINE

Des trois synoptiques c’est Luc qui donne le plus de renseignements au sujet de l’origine de son évangile. Dans une introduction littéraire il définit but, sa méthode et sa relation avec ceux qui avaient entrepris le même travail. Cette introduction (1:1-4) est la clef du livre. On peut tirer plusieurs conclusions basées sur elle :

1. Au temps de l’auteur il existait plusieurs œuvres contenant des récits partiels et peut-être faussés de la vie et de l’œuvre de Christ. L’auteur n’aurait pas écrit le sien s’il avait été entièrement satisfait de ces derniers.

2. Dans ces récits on avait essayé de faire un arrangement systématique des faits disponibles (“composer un récit” – 1:1).

3. Le peuple chrétien connaissait et acceptait ces faits indépendamment de ces récits. Luc dit qu’ils “se sont accomplis parmi nous”.

4. L’auteur se savait aussi bien renseigner que les autres et aussi capable d’écrire une telle relation (“il m’a semblé bon, à moi aussi”).

5. Il avait obtenu ces renseignements de sources officielles compétentes (“ont été des témoins  oculaires”).

6. Il connaissait les faits soit par observation ou par enquête. Il était contemporain de l’action principale dans le sens qu’il a vécu dans la même génération que ceux qui en avaient témoigné. Il a tout “recherché exactement depuis les origines”.

7. La connaissance de Luc couvrait tous les faits principaux. Son évangile contient beaucoup de détails qui manquent aux autres. Il est généralement plus représentatif de la vie de Christ.

8. Il a proposé d’écrire exactement et en ordre logique. L’expression “d’une manière suivie” ne veut pas nécessairement dire en ordre chronologique, mais elle veut dire qu’il avait un plan et qu’il avait l’intention de le suivre.

9. Le destinataire était probablement un homme de la haute société que Luc appelle peut-être par son nom baptismal, Théophile, qui veut dire “celui qui aime Dieu” ou “celui qui est aimé de Dieu”. L’expression “excellent” ne s’appliquait généralement qu’aux fonctionnaires élevés ou aux membres de l’aristocratie. Ce personnage était peut-être un converti de Luc.

10. Le destinataire avait déjà reçu une instruction orale concernant le Christ, mais il avait besoin d’instruction supplémentaire pour le fortifier et le convaincre totalement de la vérité.

11. Le but évident de Luc est de donner une connaissance complète de la vérité à son ami.

Tout ceci nous amena à la conclusion que l’auteur était un homme qui possédait des dons littéraires et qui savait s’en servir pour présenter le message de Christ. Qui était-il ?

L’auteur

L’identité de l’auteur dépend de sa relation au livre des Actes. Si Luc et Actes ont été écrits par la même personne, on peut appliquer à Luc l’évidence interne du livre des Actes et inversement. D’après ce livre l’auteur était participant de beaucoup des événements qu’il décrit, car il emploie souvent le mot “nous”. Ces passages où il emploie le “nous” sont très utiles pour déterminer quels sont les intérêts, le caractère et l’identité possible de l’auteur.

La première de ces sections commence avec Actes 16:10, avec le départ de Paul à Troas lors de son deuxième voyage missionnaire. L’écrivain l’accompagne de Troas à Philippe où les références à la première personne du pluriel cessent avec l’emprisonnement de Paul (16:17). L’auteur était probablement présent mais pas arrêté. Les sections avec “nous” recommencement avec le retour de Paul en Macédoine (Ac. 20:6). A partir de là elles continuent jusqu’à la fin du livre. L’auteur ne semble pas paraître pendant l’emprisonnement de Paul à Césarée, mais il l’accompagne à Rome (27:1) et reste avec lui jusqu’à la fin du récit.

La relation entre Luc et les Actes est étroite. Les deux documents s’adressent à la même personne, Théophile. L’introduction des Actes s’accorde parfaitement avec le contenu de l’évangile quand il est dit que le premier livre parlait de “tout ce que Jésus a commencé de faire et d’enseigner”. L’accent mis sur la résurrection et le ministère d’enseignement pendant les quarante jours s’accorde avec le message de Luc 24. La position des Actes sur le Saint-Esprit est pareil à celui de l’évangile. I1 y a un accord étroit entre le style et le vocabulaire des deux écrits. Ces choses, et bien d’autres, font paraître l’unité en Luc et Actes. Les faits qui désignent l’autour dos Actes le font également pour celui de Luc.

En bref, il était un païen, de langue maternelle grecque. Il avait reçu une bonne instruction et semble avoir eu une capacité intellectuelle assez élevée. Il était probablement un des premiers convertis de la mission à Antioche en Syrie. Nous ne savons rien de sa vie jusqu’à ce qu’il rencontre Paul à Troas en 51 environ. De Troas il accompagne Paul en Macédoine où il devient le pasteur de l’église de Philippe, une église qui s’est distinguée pour son zèle et sa loyauté envers son fondateur. Il se peut que le “frère” mentionné en 2 Cor. 8:22 soit une référence à Luc. Peut-être aussi était-il un frère selon la chair de Tite, qui lui était lié à l’église d’Antioche très tôt (Gai. 2:3).

Quand Paul est retourné à Philippe dans son troisième voyage, l’auteur de Luc-Actes l’a rejoint et est allé en Palestine avec lui. Pendant le séjour à Jérusalem et l’emprisonnement à Césarée on ne le mentionne pas, mais il n’a pas dû être loin; car il accompagne Paul a Rome. Parmi tous les compagnons de Paul il n’y a que Luc qui réponde à toutes ces conditions. La tradition externe soutient cette conclusion que Luc, le médecin et ami de Paul, est l’auteur do l’évangile selon Luc.

Date et lieu

II y a deux limites qui fixent la période dans laquelle on a dû écrire le troisième évangile : avant Actes et après le point où le développement du christianisme aurait attiré l’attention d’un païen comme Théophile. Actes a certainement été composé avant la fin du premier emprisonnement de Paul à Rome, car il se termine brusquement, comme si l’auteur n’avait plus rien à dire pour le moment. Il fut écrit évidemment après la mort de Jésus, un temps suffisant s’était écoulé pour permettre à plusieurs d’entreprendre un récit de sa vie. L’année 60 paraît peut-être une bonne date moyenne. Luc aurait été converti depuis une dizaine d’années. Il aurait voyagé en Palestine pour rencontrer eaux qui ai/aient connu Jésus dans la chair. Il est même possible qu’il se soit occupé de faire ses recherches en Palestine pendant l’emprisonnement de Paul à Césarée.

Il n’y a aucun indice au sujet du lieu de composition. C’était probablement en dehors de la Palestine, quoique peut-être à Césarée. Toutes les autres suggestions ne sont que des spéculations. Il n’y a môme pas une bonne tradition au sujet du lieu de son origine.

Contenu

L’organisation générale de Luc suit le cours des événements tel qu’il est indiqué en Matthieu et Marc, avec plusieurs additions spécifiques à cet auteur. Les récits de la naissance de Jean-Baptiste, de la naissance et de l’enfance de Jésus, la généalogie, la prédication à Nazareth, l’appel spécial de Pierre, six miracles, dix-neuf paraboles, Zachée, Jésus ridiculisé par Hérode, les disciples sur le chemin d’Emmaüs sont tous des additions importantes de l’évangile selon Luc.

Plan

La matière de Luc s’organise autour de l’idée centrale que Jésus est un membre de l’humanité qui a vécu une vie parfaite et représentative comme le “Fils de l’homme” par la puissance du Saint-Esprit.

LUC ; L’Evangile du Sauveur des hommes

I.            La Préface1:1-4
II.           La préparation du Sauveur
Les annonces
La naissance de Jean
La naissance et l’enfance de Jésus
1:5-2:52
1:5-56
1:57-80
2:1-52
III.         La Présentation du Sauveur
Le ministère de Jean
Le Baptême
La Généalogie
La tentation
Le retour en Galilée
3:1-4:15
3:1-20
3:21,22
3:23-28
4:1-13
4:14,15
IV.         Le ministère du Sauveur
L’annonce de son but
La manifestation de sa puissance
La nomination de ses aides
La déclaration de ses principes
Son ministère de compassion
La révélation de la croix
4:16-9:50
4:16-44
5:1-6:11
6:12-19
6:20-49
7:1-9:17
9:18-50
V.          La mission du Sauveur
L’appel public
La nomination des soixante-dix
L’enseignement du royaume
Le développement du conflit public
L’instruction des disciples
9:51-18:30
9:51-62
10:1-24
10:25-13:21
13:22-16:31
17:1-18:30
VI.         La passion du Sauveur
Evénements sur la route de Jérusalem
Arrivée à Jérusalem
Conflit à Jérusalem
Prédictions au sujet de Jérusalem
Le dernier souper
La trahison
L’arrestation et le jugement
La crucifixion
L’enterrement
18:31-23:56
10:31-19:27
19:45-21:4
19:45-21:4
21:5-38
22:1-38
22:39-53
22:54-23:25
23:26-49
23:50-56
VII.        La résurrection du Sauveur
Le tombeau vide
L’apparition à Emmaüs
La manifestation aux disciples
La mission
L’ascension
24:1-53
24:1-12
24:13-35
24:36-43
24:44-49
24:50-53

La première déclaration de la préface de Luc dit que l’évangile a été écrit pour donner de la certitude au lecteur au sujet des choses qu’il avait apprises oralement. Luc voulait donner une base authentique à Théophile pour approfondir l’enseignement qu’il connaissait déjà en partie. On peut donc supposer qu’il a eu un souci particulier de présenter les faits avec exactitude et qu’il les organiserait de manière à laisser une impression intégrée chez son auditeur.

Dans la section sur la préparation du Sauveur nous trouvons des choses que les autres omettent complètement, Matthieu dit que Jésus est né d’une vierge et raconte l’histoire du point de vue de Joseph, tandis que Luc la raconte du point de vue de Marie. Ni Matthieu ni Marc ne parlent de la naissance de Jean-Baptiste.

La troisième section, l’entrée de Jésus en plein ministère, commence avec la généalogie gui lie Jésus à l’histoire. Il n’était pas une figure religieuse idéalisée mais un membre très réel de l’histoire do l’humanité. La généalogie descend d’Adam plutôt que de la lignée royale. Au sujet de la tentation Luc dit que le diable “acheva toute tentation” comme s’il voulait affirmer gué Jésus avait surmonté toutes les épreuves possibles de l’humanité.

La seule chose qui diffère dans la quatrième section est le sermon à Nazareth où Jésus annonce sa relation avec les prophéties. La cinquième section, au contraire, appartient presque totalement à Luc seul. II n’y a que quelques paragraphes et peu de texte entre 9:51 et 10:30 qui paraissent dans les autres évangiles. On y trouve plusieurs paraboles qui sont uniquement en Luc (Bon Samaritain, riche insensé, figuier stérile, places aux noces, invités aux repas, drachme et fils perdus, économe infidèle, riche et Lazare, pharisien et publicain). Chacune illustre la méthode de Luc utilisant dos matériaux nouveaux pour expliquer la signification de la vie de Christ à ses lecteurs païens.

De même le récit de la passion ressemble beaucoup aux autres relations synoptiques. Il y a des additions qui ajoutent à la qualité de l’information mais qui ne modifient pas la signification ou le progrès du récit. La présentation de la résurrection, pourtant, frappe par sa nouveauté et sa différence. La réalité est la même que dans les autres évangiles mais l’apparition de Jésus aux doux hommes sur le chemin d’Emmaüs donne une fin admirable à cet évangile, qui veut communiquer de la certitude 5 son lecteur. L’actualité de sa mort, le désespoir des disciples, la manifestation inattendue et convaincante de sa présence vivante, son explication des Ecritures et la conviction spirituelle qui les a saisis forment dans leur ensemble une évidence irréfutable que quelque chose de nouveau s’était passé sur la terre, dans la personne du Christ.

Accent

Luc est le plus littéraire des évangiles. Ses récits tels qu’il les a pris sur les lèvres de Jésus ou qu’il les raconte lui-même sont des joyaux d’expressions, son vocabulaire est riche et varié. Il a inclus quatre poèmes ou cantiques dons son œuvre, qui ont été appréciés tout au long dos siècles. Ce livre est surtout historique. Nul autre ne donne les dates comme lui. Nul autre n’essaie de donner un récit aussi complet que lui, même s’il y a des périodes de la vie de Jésus qu’il ne mentionne pas. Sa façon de traiter son sujet n’est pas limitée. Il voit le Christ à travers les yeux d’un cosmopolite. Il est impartial dans le meilleur sens de ce mot. Son histoire n’est pas une chronique ennuyeuse mais une interprétation vivante faite sous l’inspiration du Saint-Esprit.

Le troisième évangile met l’accent sur la doctrine. Il a sûrement hérité cette disposition de Paul. C’est surtout son vocabulaire qui révèle son intérêt et sa connaissance. La personne da Christ, le Fils de Dieu, est présentée quant à sa divinité et son humanité. Le salut y a une place très importante. On trouve le mot “justifier” plusieurs fois. La doctrine du Saint-Esprit reçoit une attention toute spéciale. Il y a plus de références à l’Esprit chez Luc que chez Matthieu et Marc. Tous les principaux personnages reçoivent la puissance de l’Esprit pour accomplir leurs tâches. Jésus a vécu toute sa vie par l’Esprit.

Certaines classes de personnes sont l’objet d’une attention particulière pour Luc. Il parle beaucoup des femmes. Los enfants ont une place plus marquée que d’habitude dans les écrits de l’antiquité. Les pauvres et les opprimés y sont l’objet d’une attention spéciale également. En fait il y a souvent un contraste entre la pauvreté et la richesse dans cet évangile.

Questions et devoirs

Niveau 1 – Etudiez la leçon Répondez aux questions 1-9
Niveau 2 – En addition au travail du niveau 1, Lisez Manley, p 331 – 335
répondez aux questions 10 à 11
Niveau 3 – En addition au travail des premiers niveaux, faites la question 12.
  1. Quel est le rôle de la préface de Luc (1:1-4) ? Quelles sont las choses principales qu’elle nous apprend ?
  2. Qui a écrit le troisième évangile ? Que savons-nous de lui ?
  3. Quelle est la relation entre Luc et les Actes ?
  4. Y a-t-il beaucoup de choses an Luc qui ne se trouvent pas dans les autres évangiles ? Donnez quelques exemples.
  5. Quel est le principe central autour duquel le plan s’organise ?
  6. Quels sont les accents principaux de Luc ?
  7. Faites une liste des événements de la naissance de Jésus que Luc seul raconte.
  8. Trouvez dix passages où Luc parle de Femmes.
  9. Trouvez trois passages où Luc souligne un contraste entre la pauvreté et la richesse.
  10. Nous avons dit que “tous les principaux personnages reçoivent la puissance du St-Esprit pour accomplir leur tâche” et que “Jésus a vécu toute sa vie par l’Esprit”. Justifiez ces déclarations par des références.
  11. Notez que Jésus s’exprime différemment selon qu’il parle aux scribes, aux gens du peuple ou à ses disciples.
  12. 9:50 nous amène à un moment décisif dans la via de “l’homme parfait”. La division entre ce qui précède dans le livre et ce qui suit est très marquée. Expliquez cette division et sa raison. Notez surtout 9:28-36 et 9:51 en arrivant à vos conclusions.

CHAP. VI – MARC

A. L’ORIGINE

On sait relativement peu de l’auteur de cet évangile. Le livre ne le nomme nulle part. Il y a peu de passages qui donnent des indications à son sujet. La tradition veut qu’il soit Jean Marc, issu d’une famille chrétienne à Jérusalem et devenu l’assistant de Barnabas et Paul et probablement plus tard de Pierre. Il était le fils de marie, une amie des apôtres dont on parle en Actes 12. On se demande si sa maison ne servait pas de quartier général aux apôtres a Jérusalem et même si ce n’était pas là que se situait la chambre haute où Jésus a mangé le dernier repas avec ses disciples. Si tel est le cas, Marc connaissait bien les dirigeants de l’église dès son début.

Marc sortait d’une famille aisée, car sa mère était propriétaire de la maison et elle avait des esclaves. Barnabas, son cousin, possédait aussi des biens (Ac. 4:37). Il paraît donc que Marc a été élevé dans une famille qui alliait la piété et la culture.

C’est Barnabas qui l’a introduit dans le ministère. Il l’a emmené dans le premier voyage missionnaire que lui et Paul ont fait. Au milieu du voyage Marc les a abandonnés pour une raison qui n’est pas mentionnée. A l’occasion du second voyage, Barnabas voulut à nouveau se l’associer, mais Paul refusa. Cela amena la séparation entre Paul et Barnabas. Marc accompagna alors son cousin tandis que Paul reprenait la route avec un autre.

A partir de ce moment (environ 50 apr. 3-C) marc disparaît pendant une période d’environ 10 ans. Quand l’épître aux Colossiens fut écrite il avait rejoint Paul à Rome. Plus tard l’apôtre l’appellera “utile pour le ministère”. Il est fort probable qu’il fut également associé à Pierre (l Pi. 5:13). La tradition dit qu’il a aussi fondé des églises h Alexandrie.

B. Date et lieu

Les premiers témoins le lient en général à la prédication de Pierre à Rome entre 60 et 70 de l’ère chrétienne. Papias, Irénée, Clément d’Alexandrie, Origène et Eusèbe sont tous d’accord que marc a écrit l’évangile selon Pierre soit pendant sa vie ou tout de suite après.

L’évangile selon marc est concis, clair, succinct – un style conforme à l’esprit romain qui n’aimait pas les abstractions ou les formes littéraires. On y trouve aussi plusieurs latinismes dont il existait des équivalents grecs. On suppose que Marc les employait parce qu’ils lui étaient plus familiers. On trouve très peu d’allusions aux coutumes ou à la loi juive. Quand c’est le cas, il y a davantage d’explications que dans les autres synoptiques. Ces constatations s’accordent avec la tradition qui dit que l’évangile fut écrit pour les Romains.

C. Contenu

L’évangile selon marc est une narration historique qui présente un tableau représentatif de la personne et de l’œuvre de Christ. Ce n’est pas principalement une biographie car il ne mentionne pas la famille, la naissance, l’éducation, etc. du personnage central. Il donne plutôt une succession d’épisodes tirés de la carrière de Jésus avec plus de détails pour la dernière semaine. Il est presque entièrement objectif dans sa méthode. Il contient peu de commentaires; la narration raconte sa propre histoire. Il est bref, imagé, brusque, clair et puissant. C’est comme une série de photos sans étroite continuité entre elles. Pourtant quand on met le tout ensemble cela donne une bonne impression de la personne et de l’œuvre du Seigneur.

Le sujet se trouve dans le premier verset, “Commencement de l’évangile de Jésus-Christ, fils de Dieu”. La personne de Christ domine tout le récit. Ses œuvres sont la source principale d’intérêt, sa mort et sa résurrection amènent l’histoire à une conclusion saisissante.

On n’essaie ni de cacher ni d’exagérer l’élément surnaturel dans sa vie. Les miracles se lient presque toujours à un besoin humain précis; il les fait pour soulager des cas urgents et non pour se faire voir. Jésus avance calmement et sûrement vers le but qu’il s’est fixé. A la fin on laisse au lecteur le soin de prendre sa propre décision au sujet de la personne qu’on a présenté comme un homme et pourtant plus qu’un homme.

D. Plan

II est difficile de construire un plan de Marc à cause de son caractère impressionniste. L’auteur s’est fié à l’effet global de son message plutôt que sur une présentation strictement logique. Le plan suivant sera utile quand même.

MARC ; L’Evangile du Fils de Dieu

(Sujet)(Lieu) 
I. La préparation Le précurseur Le Baptême La tentationNazareth au désert1:2-13 1:2-8 1:9-11 1:12,13
II. Le début du ministère : Preuves d’identité Introduction : œuvres  Enseignement Suite du ministère : Autorité  Galilée     Décapole1:14-5:43 1:14-2:12 2:13-4:34   4:35-5:43
III. En plein ministère : Conflit Incroyance Danger politique Acclamation populaire (retraite) Traditionalisme (retraite)  Nazareth     Désert   Tyr, Sidon, Décapole6:1-8:26 6:1-6 6:7-29   6:30-56   7:24-8:26
IV. La fin du ministère : l’appel Révélation aux disciples (retraite) Appel au public    Césarée de Philippe Judée et Pérée8:27-10:31   8:27-9:50 10:1-31
V. Le dernier voyage : La croix Enseignement des disciples Guérisons Entrée triomphale ministère à Jérusalem Prédiction apocalyptique  Route de Jérusalem Jéricho Jérusalem10:32-13:37 10:32-45 10:46-52 11:1-11 11:12-12:44 13:1-37
VI. La Passion : Catastrophe Le complot Interlude Dernier repas Gethsémané Jugement devant Caïphe Reniement par Pierre Jugement devant Pilate La crucifixion L’enterrement    Béthanie Jérusalem  14:1-15:47 44:1,2,10,11 14:3-9 14:12-26 14:27-52 14:53-65 14:66-72 15:1-20 15:21-41 15:42-47
La Résurrection : commencement 16:1-8

E. POST-SCRIPTUM

Nous avons donné le plan de Marc en plus de détail que celui de Matthieu pour pouvoir montrer le rapport entre plusieurs éléments, Matthieu suit surtout le thème du messie, mais marc s’occupe de l’activité de Jésus qui est le fils de Dieu et aussi le serviteur de Dieu. Le plan de base se construit autour des changements géographiques de son ministère. Cet évangile dit très peu de choses de l’activité du Seigneur à Jérusalem avant la passion. Ce n’est qu’après la crise de son ministère qu’il s’est déplacé de Galilée à la Décapole. Les voyages à Tyr et Sidon et à Césarée de Philippe étaient des essais de se retirer du tumulte et du conflit qui entouraient son témoignage public. Il voulait prendre du temps pour réfléchir, prier et instruire ses disciples dans les vérités qu’ils comprenaient imparfaitement.

Le plan fait voir la progression de la pensée de Marc. Le mot “AUSSITOT” se trouve 42 fois, plus que dans tout le reste du Nouveau Testament. Il indique que Jésus à travers toute son activité variée se hâtait vers un but qu’il discernait mais qui était caché à la plupart de ses contemporains, même ses disciples ne le voyaient que faiblement, quand ses paroles illuminaient leur entendement.

Le plan cherche: à classer les matériaux que propose Marc. La première section est un récit abrégé de la préparation de Jésus à son œuvre. Elle donne la preuve de son identité : Jean témoigne de lui, l’Esprit l’oint, il est mis à l’épreuve dans le désert.

La seconde section donne l’impression de n’Être qu’une série d’événements divers. En fait c’est une suite de démonstrations de l’autorité de Jésus. La guérison du paralytique, placée au terme de la liste des guérisons, illustre son pouvoir de pardonner les péchés. Le débat avec les pharisiens sur les épis de blé ainsi que la guérison de l’homme à la main sèche l’établissent comme le maître du sabbat. Plusieurs passages mentionnent sa domination sur les démons, d’autres démontrent son pouvoir sur la nature et sur la mort. Conjointement avec ces preuves de sa supériorité, Marc présente maints enseignements. L’accent principal de cette première partie de la narration est sur la droit de Jésus de parler et d’agir comme fils de Dieu et fils de l’homme.

La troisième section poursuit l’exposé des enseignements et des miracles, mais donne en même temps une place plus importante au conflit. L’incrédulité de ses concitoyens, la menace politique d’Hérode qui avait fait mourir Jean et qui pouvait également chercher à nuire à Jésus, la popularité susceptible de le dérouter de sa mission divine, le traditionalisme des pharisiens, représentaient des forces auxquelles Jésus a dû résister.

La quatrième section commence avec la retraite de Jésus à Césarée de Philippe. C’est un point central dans le ministère de Jésus. Jésus appelle une confession de foi personnelle de ses disciples. Il leur dévoile pour la première fois la nécessité de sa mort, puis, dans la transfiguration, il leur révèle sa gloire réelle. Malheureusement ils ne l’ont pas compris quand il a parlé de sa mort.

La section cinq parle du dernier voyage à Jérusalem, Par l’enseignement qu’il donne a ses disciples, la guérison de Bartimée et l’entrée dramatique dans la ville, le Seigneur met en évidence sa volonté de servir Dieu et l’homme. Dans sa controverse avec les divers groupes religieux comme dans son discours apocalyptique Jésus expose des principes et des prédictions qui expliquent davantage le sens de sa mission. Il accentue surtout l’aspect divin de la vie humaine, qui culmine avec son retour à la fin de l’âge. Marc n’amoindrit pas la tragédie de la croix; mais m6me avant de raconter les événements de la passion, il indique que Jésus les surmontera triomphalement.

La section sur la passion ne varie pas beaucoup des autres récits évangéliques. On présente les événement des derniers jours de Jésus en ordre chronologique. C’est certainement la période la plus vivante et la plus importante de sa vie. Le style simple et clair de Marc relève la valeur de la narration et amène le lecteur à se demander pourquoi une personne si merveilleuse, avec une si grande autorité, devait mourir. L’évangile lui-même en donne deux raisons. La première est la déclaration de Jésus en 10:45 qu’il est venu “non pour Être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup”. La tragédie de l’évangile était une conséquence inévitable de son service pour les hommes et de leur rédemption. L’autre réponse se trouve dans la dernière section sur la résurrection. La découverte du tombeau vide était la preuve que quelque chose s’était passé dans le jardin de Joseph d’Arimathée et qu’on ne pouvait expliquer par aucune raison naturelle quelconque. Le témoignage positif de l’ange et la terreur soudaine des femmes prouvent que l’inattendu s’était réellement passé et que Jésus était réellement ressuscité.

F. Accent

Marc est aussi l’évangile des réactions personnelles. A travers ces pages on trouve les réponses des auditeurs de Jésus. Ils étaient “saisis de stupeur” (1:27), critiques (2:7), “saisis d’une grande crainte” (4:41), étonnée (7|37), amèrement hostile (14 11). Il y a eu moins vingt-trois références pareilles. Parallèlement à ces allusions à la réaction populaire Marc mentionne plusieurs entretiens particuliers de Jésus et attire l’attention souvent sur ses gestes personnels (3:5, 5:41, 7:33, 8:23, 9:27, 10:16).

Ces différents aspects font de Marc un évangile très vivant. Il emploie des temps de verbes (présent historique et imparfait) qui présentent l’action comme un développement plutôt que tout simplement un événement. Il utilise des expressions vives et pittoresques (voyez 1:12; 2:4; 3:11; 4:37; 6:39). Tout cela laisse entrevoir un témoin oculaire qui raconte exactement ce qu’il a vu et l’effet que cela a eu sur lui et sur d’autres.

Le but de cet évangile semble être principalement l’évangélisation. Il essaie de mettre la personne et l’œuvre de Christ devant les lecteurs comme un message nouveau, “l’évangile”, sans supposer une connaissance de la théologie de l’Ancien Testament. Ses brèves anecdotes, ses phrases épigrammatiques, ses applications précises do la vérité suivent la méthode d’un prédicateur en plein air parlant de Christ à une foule quelconque.

Comme nous avons déjà remarqué, Marc est un évangile d’action. Il n’a pas de prologue sauf pour le titre. Il y a très peu de citations directes de l’Ancien Testament quoiqu’il y ait de nombreuses allusions. Marc ne transmet que dix-huit des soixante-dix paraboles des évangiles, plusieurs n’ont qu’une phrase. Par rapport à sa longueur Marc donne plus de place aux miracles que les autres. Il en présente dix-huit des trente-cinq.

Questions et devoirs

Niveau 1 – Etudiez la leçon Répondez aux questions 1-10
Niveau 2 – En addition au travail du niveau 1, Lisez Manley, p 326 – 331
répondez aux questions 11 à 12
Niveau 3 – En addition au travail des premiers niveaux, faites la question 13.
  1. Que sait-on de l’auteur du deuxième évangile ? D’où venait son autorité ?
  2. Quand et pour qui Marc a-t-il écrit ?
  3. Comment marc présente-t-il la vie de Christ ?
  4. Décrivez une journée typique de la vie de Jésus d’après 1:32-39.
  5. Est-ce facile de faire un plan de Marc ? Qu’est-ce qui détermine la construction du plan de base ?
  6. Qu’est-ce que le mot “aussitôt” indique dans cet évangile ?
  7. Comment la deuxième section (1:14-5:43) démontre-t-elle l’autorité de Jésus ?
  8. Citez, avec référence, un miracle qui montre la puissance de Jésus sur :        a) la maladie           b) la nature            c) les démons        d) la mort
  9. Pourquoi Jésus cherche-t-il à se retirer ? Où va-t-il ?
  10. Quels sont les accents particuliers de Marc ?
  11. Quelle discussion y a-t-il au sujet des versets 16 : 9-20 ?
  12. Choisissez cinq passages que vous considérez assez importants pour mériter qu’on apprenne leur sujet et leur référence.
  13. Tracez à travers cet évangile le développement du conflit qui, du point de vue humain, amène la mort de Jésus.

CHAP. V – MATTHIEU

ORIGINE

Traditionnellement on attribue le premier évangile à Matthieu-Lévi. un percepteur ou publicain que Jésus a appelé comme disciple (Matt. 9:9 à 13; 10:3). On sait très peu de lui à part son nom et son métier. Après la liste des apôtres dans le livre des Actes (Actes 1:13) il disparaît de l’histoire de l’Eglise sauf pour quelques allusions qui sont probablement légendaires. 11 n’est appelé nulle part l’auteur dans l’évangile qui porte son nom. Néanmoins nous pouvons tirer quelques conclusions des remarques des premiers dirigeants de l’Eglise après les apôtres. Ils sont unanimes à l’attribuer à Matthieu. Plus le caractère de l’évangile s’accorde avec ce que nous savons de lui. De même, comme publicain, il a dû être lettré et avoir l’habitude de prendre des notes dans son travail.

DATE ET LIEU

La date exacte de l’évangile est inconnue. 11 n’est guère possible qu’il ait été écrit avant la première dispersion des chrétiens de Jérusalem (Actes 8:4). Avec les douze présents on n’en aurait pas eu besoin. Il est également douteux qu’il ait été écrit après 70, parce que dans la prophétie qui traite la destruction de Jérusalem on ne parle pas de cette destruction comme un fait. Le témoignage d’Irénée le place au temps de l’empereur Néron (54 à 68).

L’évangile selon Matthieu s’adapte admirablement à une église qui est toujours assez étroitement liée au judaïsme mais qui devient de plus en plus indépendante. Il respire l’ambiance du messianisme, pourtant il a un message pour le monde entier. Le lieu de composition pourrait donc 6tre Antioche. Les citations des évangiles chez les “pères” montrent que le premier évangile était probablement le préféré de l’église syro-juive. Quoiqu’il n’y ait pas de preuve absolue, il est fort probable que Matthieu a eu son origine à Antioche entre 50 et 70.

CONTENU

Matthieu se construit autour d’un double plan qu’on peut tracer grâce à certaines expressions répétées. Le premier est biographique, il est semblable aux descriptions de la vie de Jésus qu’on trouve chez Marc et Luc. Il y a deux points de division : ” Dès lors Jésus commença à prêcher et à dire : repentez-vous” (4:17) et “Jésus commença dès lors à montrer à ses disciples qu’il lui fallait aller à Jérusalem…” (16:21). Le premier correspond au début de la prédication de Jésus, qui lui valut une certaine popularité. Le second marque le déclin de cette popularité et indique la culmination de sa carrière sur la croix. Que ces deux points centraux de sa vie soient si clairement marqués indique le but de l’auteur, Matthieu voulait dépeindre la vie entière de Jésus groupée autour de ces deux aspects fondamentaux.

L’autre plan de Matthieu est particulier à son évangile. Le premier plan était biographique, mais le deuxième se rapporte aux sujets. La matière se divise en cinq blocs de texte dont chacun se groupe autour d’un sujet comminant. Chacune de ces divisions se termine avec l’expression : “Quand Jésus eut achevé ces discours”… Avec la narration introductive et le récit de la passion qui termine le livre, il y a sept divisions en tout. Un épilogue enfin résume et confronte le lecteur avec les déclarations messianiques de Jésus.

L’EVANGILE DU MESSIE

I. La réalisation des prophéties messianiquesl’avènement 4:1-4:11
II. L’annonce des principes du MessieDiscours d’ouverture 4:12-7:29
Appel à entrer (7:13,14)
III. La révélation de la puissance du messieLes miracles 8:1-11:1
Appel à suivre (10:34-39)
IV. L’explication du programme du MessieLes paraboles 11:2-13:53
Appel à l’acceptation (11:28)
Appel à la compréhension (13:51)
V. La déclaration du but du MessieLa crise de la croix 13:54-19:2
Appel au témoignage (16:13-15)
VI. La présentation des problèmes du messieLes conflits avec les adversaires 19:3-26:2
Appel à la repentance (23:37-39)
VII. L’accomplissement de la passion du MessieLa mort et la résurrection 26:3-28:10
VIII. EpilogueLa fausse rumeur et la réalité 28:11-20
Appel à l’action (28:16-20)

La première de ces sections présente les débuts de la vie du Messie : sa généalogie partant d’Abraham et passant par David, sa naissance d’une vierge avec le baptême et la tentation qui l’ont préparé pour son travail. On trouve cinq allusions à l’accomplissement des Ecritures dans cette section. L’avènement de Jésus est dépeint comme l’accomplissement du but divin.

La seconde section s’ouvre avec l’apparition de Jésus en Galilée après l’emprisonnement de Jean-Baptiste. Elle s’occupe principalement de la déclaration des principes éthiques et spirituels du royaume messianique. Jésus cherche à expliquer la nature de ce royaume et la manière d’y entrer.

Matthieu seul emploie l’expression “royaume des cieux” (33 fois); “royaume de Dieu”, que les autres évangélistes utilisent exclusivement, se trouve cinq fois, Jésus déclare sans équivoque que ce royaume aurait une ultime manifestation matérielle, mais en même temps il insiste sur le fait qu’il est présentement une réalité spirituelle. Les principes spirituels du royaume se trouvent dans le sermon sur la montagne dont Matthieu nous donne le récit le plus complet. Il existe une justice qui surpasse elle du judaïsme légaliste car elle est intérieure et non extérieure, spontanée et non légaliste, mesurée par une personne et non un code. La plus haute mesure est Dieu lui-même (5:48). Le critère de la justice dans ce sermon n’est pas la conformité à des idéals humains mais le résultat de la connaissance de Christ et de ses paroles jointes à la pratique de ces préceptes (7:23,24). On ne comprend pas encore la pleine importance de la personne et l’œuvre du Christ mais on déclare la nécessité de le mettre au centre de tout enseignement et de toute foi.

Après de telles déclarations des preuves de sa puissance s’imposent. La troisième section (8:1-11:1) s’occupe d’abord d’un récit des miracles variés montrant la puissance de Jésus sur toutes les maladies, la mort, les démons et la nature. La mission des douze (ch. 10) montre la délégation de cette puissance a des hommes.

A partir de la quatrième section (11:2-13:53) on trouve beaucoup de paraboles. Le plus grand rassemblement se trouve dans le chapitre 13. Par des images prises dans la vie de tous les jours, elles présentent la nature et le programme du royaume des cieux. Jésus déclare que les paraboles devaient révéler et cacher à la fois (13:11). Il voulait que ses instructions soient claires pour ceux qui étaient prêts à les recevoir et obscures pour ceux qui étaient rebelles.

Il y a huit paraboles dans le chapitre 13. La liste se divise au verset 36 où il est dit que Jésus entra dans la maison. Donc quatre étaient pour tout le monde et quatre pour les disciples. Les quatre premières parlent de la propagation de la parole et de sa réception (vraie et fausse) ainsi que de la croissance visible étonnante. Les quatre secondes présentent les aspects intérieurs du royaume : le prix de sa construction, le destin double de ceux qui en sont touchés et le mélange d’éléments nouveaux et anciens dans son enseignement.

La crise dans la mission de Jésus est décrite dans la section suivante (13:54-19:2). Le rejet de Jésus par ses concitoyens, la mort de Jean-Baptiste, le manque de compréhension de la part des disciples – tout cela amène Jésus à déclarer que la croix est proche et à se révéler dans la transfiguration. A partir d’ici dans la narration, la croix devient l’objectif central de Jésus dans sa carrière terrestre.

La déclaration du but messianique donne lieu au conflit. Dans les chapitres 19:3-26:2 on décrit les problèmes du messie ainsi que ses différends avec les Hérodiens, les Sadducéens et les Pharisiens. La dénonciation du chapitre 23 et les prédictions des ch. 24-25 découlent de ce conflit.

Tout conflit débouche sur une crise. Dans la vie du Christ cette crise est la croix, Matt. 26:3-28:10 décrit sa passion, sa mort et sa résurrection. Matthieu accentue le caractère messianique de sa mort en soulignant sa relation à la prophétie.

L’épilogue est un résumé qui illustre les deux attitudes possibles envers Jésus : le rejet par incrédulité et l’adoration fruit de l’acceptation. Chaque section contient un appel aux disciples. C’est Jésus qui les lance mais de toute évidence l’auteur veut que ses lecteurs en soient touchés aussi. A la fin du sermon sur la montagne Jésus appelle ses disciples à faire le premier pas et à entrer dans le chemin qui mène à la vie. Après la démonstration de sa puissance il les appelle à prendre leur croix pour le suivre. Dans la section qui explique son programme il y a un double appel : à la foule de venir à lui pour trouver du repos, à ses disciples pour demander s’ils avaient compris ses paroles. La prédiction de la croix a amené l’appel à la consécration. Sun rejet par la ville de Jérusalem a donné lieu à un appel à la repentance. Dans l’épilogue il y a l’appel à-l’action. “Allez, faites…”.

Accent

L’évangile selon Matthieu a été écrit pour montrer que Jésus était la réalisation des prophéties de l’Ancien Testament. Quoique fortement juif de caractère, il était également destiné aux païens, puisque la fin ordonne aux disciples de faire des disciples de toutes les nations. Certains incidents sont particuliers à Matthieu. La vision de Joseph (1:20-24), la visite des mages (2:1-12), la fuite en Egypte (2:13-15), le massacre des enfants (2:16), le rêve de la femme de Pilate (27:19), la mort de Judas (27:3-10), la résurrection des saints à la crucifixion (27:52), la subornation des soldats (28:12-15), la grande mission (28:19,20) ne se trouvent nulle part ailleurs dans les évangiles. Il y a également plusieurs paraboles et trois miracles qu’on trouve exclusivement en Matthieu.

L’évangile de Matthieu est didactique dans son accent. Il contient le bloc le plus grand de matière en forme de discours qu’on trouve dans les évangiles (ch. 5-7). Il y a d’autres longs passages qui reproduisent l’enseignement de Jésus. Les discours forment à peu près trois-cinquième de l’évangile total.

Traits spéciaux

1. Matthieu est l’évangile du discours. Toutes sauf une des sections contiennent un discours plus ou moins long.

I. Les prophéties réaliséesLa prédication de Jean 3:1-12
II. Les principes annoncésSermon sur la montagne 5-7
III. La puissance révéléeLa mission 10:1-42
IV. Le programme expliquéLes paraboles 13:1-52 Le pardon 18:1-35
V. Le but déclaréLe pardon 18 :1-35
VI. Les problèmes présentésDénonciation-prédiction 23:1-25:46
VII. La passion accomplie
VIII. EpilogueLa grande mission 28:18-20

2. Matthieu est l’évangile de l’église. Matthieu est le seul évangile qui contient le mot “église”. (18:17 ; 16:18). C’est Jésus qui le prononce les deux fois montrant qu’il avait l’institution de l’église comme projet précis. Ces déclarations indiquent peut-être que Matthieu a été écrit pour une jeune église qui avait besoin d’encouragement et de discipline.

3. Matthieu est l’évangile du roi. Simultanément avec l’accent sur le royaume on trouve un accent parallèle sur la royauté de Christ. La généalogie suit la ligne royale de Juda. La peur d’Hérode avait pour cause la naissance de Jésus qu’on appelait déjà le roi des Juifs. L’entrée de Jésus dans Jérusalem souligne son arrivée comme roi. Dans le discours prophétique il prédit qu’il “s’assiéra sur le trône de sa gloire”. Puis il y a l’inscription de Pilate sur la croix, “Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs”.


Questions et devoirs

Niveau 1 – Etudiez la leçon Lisez l’évangile selon Saint Matthieu. Répondez aux questions 1-9
Niveau 2 – Etudiez la leçon Lisez Manley, p 320 – 326 et répondez aux questions 10 à 11
Niveau 3 – En addition au travail du niveau 2 répondez aux questions 12
  1. Qui a écrit l’évangile selon Matthieu ? Quand et pour qui ?
  2. Comment peut-on trouver sans trop de peins le double plan de Matthieu ? Qu’est-ce qui distingue les deux plans ?
  3. Apprenez par cœur le plan de Matthieu que vous trouverez dans la leçon. Il n’est pas nécessaire de l’écrire sur votre feuille.
  4. Où trouve-t-on les principes spirituels du royaume ? Faites une liste de cinq de ces principes que vous considérez très importants.
  5. Quel est le rôle des miracles des ch. 8 et 9 ?
  6. Faites la liste des huit paraboles du ch. 13.
  7. Faites une liste des choses différentes dont Jésus parle dans le discours prophétique (ch.24).
  8. Comment cet évangile relie-t-il l’Ancien Testament au Nouveau ?
  9. Quel est, selon vous, le thème dominant de Matthieu?
  10. Qui était Papias ? Qu’a-t-il dit au sujet de Matthieu ? Que suppose-t-on donc au sujet du développement de cet évangile ?
  11. Comment le lecteur est-il préparé dès le début pour la grande mission de 28:19,20 ?
  12. Essayez de vous mettre dans la peau de Matthieu et de découvrir ses raisons pour le groupement et la présentation des matières de son évangile comme il l’a fait. Notez que Matthieu n’est pas chronologique, Matthieu a regroupé ses matières avec dessein.

CHAP. III – LE JUDAÏSME

Quelques connaissances du judaïsme sont essentielles à l’étudiant de la Bible, car le christianisme en est issu. Les livres du Nouveau Testament, à deux exceptions près, sont l’œuvre de Juifs. Beaucoup des enseignements du Nouveau Testament ont leur origine dans l’Ancien, qui y est cité de nombreuses fois. L’autre part, Jésus était un Juif et a observé les coutumes de son peuple.

A. L’ORIGINE

Le judaïsme du premier siècle fut largement le produit de l’exil. Avant la captivité la loyauté des Israélites à la loi fut intermittente. Ils couraient souvent après des faux dieux. La captivité les a mis devant une alternative sévère : ou ils se donnaient entièrement à l’adoration de Jéhovah, le seul /rai Dieu, et gardaient ainsi leur génie et leur raison d’être nationale, ou bien ils se laissaient absorber religieusement et politiquement. Ils ont choisi la première. C’est à Babylone, où les captifs du royaume du Sud séjour-laient, que le judaïsme a commencé à prendre forme. L’idolâtrie fut bannie, .e livre de Daniel témoigne du mépris des cérémonies païennes. Avec la cessa-;ion des sacrifices imposée par la nécessité, la loi, ou torah, a commencé à prendre une place prépondérante. Dans les royaumes d’avant l’exil, le fidèle individuel s’appuyait probablement en grande partie sur sa participation au culte public comme expression de sa foi. C’était peut-être sincère mais cela le pouvait être aussi vital qu’un étude personnelle des préceptes de la loi de Dieu.

Un nouveau centre d’adoration fut établi avec la création de la synagogue. La dispersion du peuple dans la captivité ainsi que leurs voyages dans les innées qui suivirent, ont rendu nécessaire une forme d’assemblée locale. Afin Je les unir autour de la loi, on formait une congrégation régulière (appelée synagogue) toutes les fois qu’on trouvait dix hommes. Là Juifs et prosélytes s’assemblaient le septième jour pour prier et adorer Dieu. La synagogue a été si fermement établie comme institution qu’elle a continué même après la reconstruction du Temple.

B. LA THEOLOGIE

Au centre de toute la foi du judaïsme était sa croyance tenace à l’unité et à .a transcendance de Jéhovah. Les païens les accusaient d’athéisme, non parce qu’ils niaient l’existence de tout Dieu, mais parce qu’ils refusaient de reconnaître la réalité de toute autre divinité que la leur. Les Rabbins accentuaient beaucoup aussi l’enseignement de paternité de Dieu. Dieu était leur >ère, ils étaient ses enfants. L’homme, selon la théologie juive, était la création de Dieu, doué de la capacité de choisir entre le bien et le mal et ainsi, comme conséquences, la vie et la mort. Le but principal de l’homme dans la vie était de garder les commandements de Dieu et de pratiquer tous les rites établis pour le peuple. Le péché était principalement une mauvaise relation envers la loi, soit dans les choses “lourdes” ou dans les “légères”. Il n’était fait aucune distinction entre la loi morale et la loi cérémonielle. Il n’y a que des allusions à la résurrection dans l’Ancien Testament (Ps.16:10,11; Esaîe 26:19; Dan. 12:2). Dans les écrits apocryphes et apocalyptiques il y en à davantage.

L’attente messianique fut également un élément fort de la période qui sépara les deux testaments. Le mot “messie” veut dire tout simplement “oint”. Il a été appliqué à des personnes aussi diverses que les patriarches, le souverain sacrificateur, Cyrus roi de Perse, mais peu à peu il s’est vu réservé à “un fils de David”. C’est Dieu qui a donné cette espérance à l’homme mais l’homme l’a déformée au point de ne pas reconnaître le messie à son apparition. La Bible prophétise la venue d’un prophète-prêtre-roi qui souffrirait avant d’Être glorifié. Les Juifs pourtant n’attendaient qu’un roi plein de gloire qui rétablisse leur souveraineté nationale et leur donne un royaume plus grand et plus glorieux que celui de Salomon.

C. LE TEMPLE

Le Temple originel de Salomon fut détruit lors du sac de Jérusalem en 586 avant J-C. Le second fut construit lors de la restauration mentionnée par Aggée et Zacharie. On l’a commencé en 537 et achevé en 516. On sait peu de l’histoire de ce temple. Antiochus Epiphane l’a pillé et profané par l’introduction d’un autel à Zeus (Jupiter) sur lequel il a offert des sacrifices. Trois ans plus tard Judas macchabée l’a purifié et réparé. Quand Hérode le .Grand prit la ville en 37 une partie des bâtiments du Temple fut brûlée, mais l’édifice principal ne subit probablement pas de dégât. Pourtant Hérode, dans la dix-huitième année de son règne (20 ans av. J-C), entreprit la reconstruction du Temple. On avançait lentement pour éviter de bouleverser l’adoration des fidèles. Les sacrificateurs faisaient le travail. Le sanctuaire fut achevé en un an et demi, mais les autres bâtiments et les portiques ne le furent qu’en 62 apr. 3-C. Les ennemis de 3ésus affirmèrent que le Temple était en construction depuis quarante ans, indiquant que le travail continuait à ce moment-là (3n 2:20). Le bâtiment principal était de marbre blanc dont une bonne partie était recouverte d’or. C’était un édifice imposant. La disposition du Temple môme était semblable à celle du Tabernacle. Les sacrifices se faisaient selon les indications de l’Ancien Testament. Il y avait des cours qui l’entouraient. Les Romains permettaient aux Juifs de maintenir un corps de police pour maintenir l’ordre dans les limites de l’enceinte du temple. C’était le centre du culte à Jérusalem. Jésus lui-même, et plus tard les apôtres, prêchèrent dans ses parvis.

D. LA SYNAGOGUE

La Synagogue jouait un rôle important dans le judaïsme. Les Juifs en fondaient une partout où ils étaient en nombre suffisant pour la maintenir sur pied. La Galilée, qui à l’époque des Macchabées était largement païenne, était remplie de synagogues au temps de Christ. La synagogue était le centre social où les habitants juifs d’une ville se réunissaient toutes les semaines pour se voir. C’était le moyen éducatif par lequel on gardait la loi devant les gens, le lieu où l’on instruisait les enfants dans la foi de leurs aïeux. C’était un remplacement pour le Temple. Là l’étude de la loi remplaçait le rite du sacrifice, le Rabbin se substituait au sacrificateur.

Le service constituait en une récitation du credo juif (Deut. 6:4,5) accompagnée d’expressions de louanges. Après le credo ou Shema venait une prière rituelle suivie d’un moment de silence pour la prière silencieuse des membres. Ensuite venait la lecture des Ecritures. On avait divisé le Pentateuque en 54 leçons qu’on lisait en un laps de temps fixe. Pour les Juifs de la Palestine c’était trois ans. Pour ceux de la Babylone un an. On lisait aussi les prophètes (Luc 4:16). Un sermon suivait et on terminait avec une bénédiction prononcée par un membre de la branche sacerdotale s’il y en avait un. Sinon on la remplaçait par une prière.

E. L’ANNEE SACREE

L’année juive comportait douze mois lunaires avec un mois intercalaire nécessaire pour la faire accorder avec l’année solaire. L’année religieuse commençait avec le premier mois, l’année civile avec le septième.

Elle contenait sept fêtes principales : La Pâque (suivie des jours des pains sans levain), la Pentecôte, les Trompettes, l’Expiation, les Tabernacles, la Dédicace et le Purim. Cinq d’entre elles- sont prescrites par la loi mosaïque. Les deux autres sont post-exiliques d’origine.

F. LE SYSTEME D’EDUCATION

Parmi les Juifs de la dispersion, l’éducation a dû prendre une place importante assez tôt; car ils en dépendaient pour la perpétuation de leurs convictions nationales. Ce n’est qu’ainsi qu’ils pouvaient garder leur identité nationale. Cette instruction dans la loi et dans sa signification formait une espèce d’éducation d’adultes. A côté de la Synagogue s’est développée l’école. L’instruction n’a jamais été obligatoire en Israël comme en Europe aujourd’hui, mais la communauté juive dispensait d’ordinaire quelque instruction pour apprendre aux enfants à lire la loi, à écrire et à faire le calcul simple.

A l’époque du Nouveau Testament l’état avait fondé des écoles pour les garçons. L’instruction était limitée mais complète dans les matières offertes. Avant d’aller en classe l’enfant apprenait le shéma ou credo des Juifs. Il apprenait par cœur des passages de la loi; certains proverbes communs; des psaumes choisis. En classe le maître leur faisait répéter les paroles de la loi. Le maître s’asseyait sur une petite estrade, les élèves en demi-cercle devant lui. Quand le garçon avançait on lui donnait de l’instruction dans le Mishna et le Talmud.

L’éducation juive était étroite mais précise. L’élève apprenait à faire de fines distinctions de définition et à se souvenir exactement de ce qu’il avait appris. Il savait interpréter la loi de toutes les manières possibles. On n’encourageait pourtant pas la pensée indépendante ou la recherche scientifique. Les Rabbins au temps de Jésus étaient très astucieux dans l’interprétation de points minutieux de la loi et dans la résolution de questions casuistiques. Ils faisaient peu de cas de la connaissance du monde naturel, qui occupe un si grande place dans le programme moderne. Lés Juifs soutenaient l’éducation professionnelle. Les Rabbins disaient “celui qui n’enseigne pas un métier à son fils fait de lui un voleur”. Le métier contrebalançait les efforts intellectuels et permettait au jeune homme de trouver un emploi. En principe on excluait les filles de l’instruction. On leur enseignait les arts ménagers à la maison en préparation pour le mariage.

G. LA LITTÉRATURE

Plus que toute autre nation de l’antiquité, les Juifs étaient le peuple d’un livre. D’autres ont pu posséder une littérature plus vaste ou plus variée mais aucune n’a été plus attachée à ses écrits nationaux que les Juifs à la Loi.

L’influence des Ecritures juives canoniques sur le Nouveau Testament est si évidente qu’il n’est point besoin d’en parler.

Il y en avait d’autres, qui n’ont jamais été reçues comme canoniques par qui que ce soit. Certaines d’entre elles appartiennent à la classe de littérature dite “Apocalyptique” (Hénoc, Assomption de Moïse, etc.). Cette littérature est prophétique, généralement remplie de symboles grotesques et souvent inconsistante. Elle prophétise les pires jugements physiques sur les méchants, dont les justes seront délivrés par l’intervention miraculeuse de Dieu. On trouve souvent des anges en action dans le drame apocalyptique. Une bonne partie des livres apocalyptiques sont pseudonymes ou attribués à des hommes qui n’ont pas pu les avoir écrits, par exemple le livre d’Enoch. Dans la Bible les livres d’Ezéchiel, Daniel et Apocalypse présentent certaines caractéristiques similaires,

H. LES SECTES DU JUDAÏSME

Le judaïsme, comme toute l’humanité, avait ses sectes. Toutes donnaient leur loyauté à la loi de Moïse mais leurs points de vue allaient du libéralisme au nationalisme, du mysticisme à l’opportunisme politique.

Les pharisiens

La plus grande et la plus influente des sectes du temps du Nouveau Testament était celle des pharisiens. Leur nom vient du verbe PARASH “séparer”. C’étaient les séparatistes ou les puritains du judaïsme, qui se retiraient de toute association mauvaise et qui manifestaient une obéissance complète à chaque précepte de la loi orale et écrite. Ils ont eu leur origine comme groupe séparé peu après l’époque des Macchabées. Déjà en 135 av. D.C, ils étaient bien établis dans le judaïsme. Leur théologie se basait sur le canon entier de l’Ancien Testament, qui comprenait la loi de Moïse, les prophètes et les Ecrits. En interprétation ils suivaient la méthode allégorique pour permettre un peu d’élasticité. Ils attachaient beaucoup d’importance à la loi orale ou la tradition qu’ils observaient scrupuleusement. Ils croyaient aux anges et aux esprits, à l’immortalité de l’âme et à la résurrection du corps. Ils pratiquaient la prière et le jeûne rituel et donnaient la dîme de leur revenu méticuleusement. Ils gardaient leur sabbat très strictement, ne permettant même pas la guérison des malades ou la cueillette du grain en passant pour manger ce jour-là. Quoiqu’il y ait eu beaucoup de pharisiens si introspectifs dans leur désir d’obéir à la loi qu’ils sont devenus ce qu’on appelle aujourd’hui pharisaïques, c’est-à-dire occupés à leur propre justice au point d’être hypocrites, beaucoup d’entre eux étaient vraiment vertueux et des hommes de Dieu. Ils n’étaient pas tous des hypocrites. Notez dans le Nouveau Testament des hommes comme Nicodème et Joseph d’Arimathée et même Saul de Tarse.

De toutes les sectes du judaïsme elle est la seule à avoir survécu. Elle est à la base du judaïsme orthodoxe moderne.

Les Sadducéens

Le nom des sadducéens vient, selon la tradition, des fils de Sadok, qui était souverain sacrificateur au temps de David et de Salomon. Ces hommes furent sacrificateurs pendant la captivité et apparemment le nom a subsistécomme titre du parti sacerdotal aux jours de Christ, moins nombreux que les pharisiens, ils détenaient la puissance politique. C’était le groupe qui gouvernait la vis civile du judaïsme sous les Hérode.

Comme secte du judaïsme les sadducéens adhéraient strictement à l’interprétation littérale de la Loi, qu’ils croyaient seule être canonique, ayant une plus grande autorité que les prophètes et les Ecrits. Il n’y avait donc pas de place chez eux pour la tradition orale, qui faisait les délices des pharisiens. Par contre ils étaient des rationalistes niant l’existence des anges et des esprits et ne croyant pas à l’immortalité de l’âme. Leur religion était froidement éthique et littérale, donc plus ouverte aux influences helléniques que le pharisaïsme. Politiquement les sadducéens étaient des opportunistes et s’alliaient facilement aux puissances dominantes s’ils y trouvaient leur avantage. Ils n’ont pas survécu à la destruction de Jérusalem, Avec la cessation du sacerdoce et l’arrivée de l’hostilité romaine, leur existence comme groupe a pris fin.

Les Esséniens

On sait très peu de cette secte. C’était une fraternité ascétique. On y entrait seulement si on était prêt à se soumettre au règlement du groupe et à passer par des cérémonies d’initiation. Ces gens avaient tout en commun et travaillaient manuellement pour subvenir à leurs besoins. Ils mangeaient la nourriture la plus ordinaire et s’habillaient en blanc quand ils ne travaillaient pas. Ils étaient sobres et observaient le sabbat strictement. Tout écart des règlements du groupe était puni par l’expulsion. Théologiquement ils ressemblaient aux pharisiens. Certains pensent que Jean-Baptiste était un essénien, mais à part son ascétisme il n’existe aucune indication de cela.

L’existence des esséniens est apparue avec la découverte des rouleaux de Qumran, une ancienne communauté essénienne au sud de Jéricho et sur les hauteurs dominant la mer Morte. Les rouleaux datent du premier siècle avant et après J-C. Lorsqu’on fit l’excavation des lieux, on découvrit les restes de la vie d’une communauté : citernes, réfectoires et dortoirs. On trouva parmi les documents des manuels de la société.

Les Zélotes

Les Zélotes n’étaient pas une secte religieuse du môme genre que les autres. C’était un groupe de nationalistes fanatiques qui prêchaient la violence comme moyen de libération de Rome.

La Dispersion

Quoique la Palestine ait .été traditionnellement la patrie de Juifs, au temps du Nouveau-Testament le plus grand nombre des Juifs vivaient en dehors des limites du territoire. On les trouvait dans toutes les grandes villes depuis Babylone jusqu’à Rome et dans beaucoup de petits endroits aussi, partout où le commerce ou la colonisation les avaient amenés. Dans la dispersion il y avait deux groupes distincts : Les hébraïstes et les hellénistes.

Les Hébraïstes

Paul, qui en était un, les mentionne (Phil. 3:5). Ils étaient des Juifs qui conservaient non seulement la foi religieuse du judaïsme, mais aussi l’hébreu ou l’araméen comme langue ainsi que les coutumes hébraïques de la dispersion.

Les Hellénistes

Le plus grand nombre des Juifs, pourtant, avait adopté la culture gréco-romaine et avait cessé d’être juif en tout sauf quant à la foi. Ils parlaient grec ou tout autre langue où ils habitaient et pratiquaient les coutumes de leurs voisins. Dans bien des cas on avait de la peine à les distinguer comme Juifs. On mentionne les deux groupes en Actes 6.


Questions et devoirs

Niveau 1 – Etudiez la leçon Répondez aux questions 1-8
Niveau 2 – Etudiez la leçon Lisez Manley, p 293 – 296 ; 265-274 répondez aux questions 1 à 10
Niveau 3 – En addition au travail du niveau 2 répondez aux questions 11
  1. Pourquoi faut-il des connaissances du judaïsme ?
  2. Quand, où et pourquoi le judaïsme a-t-il commencé ?
  3. Quels sont les points essentiels de la théologie juive ?
  4. Quelle sorte de messie les Juifs attendaient-ils ?
  5. Combien de temples a-t-on eu à Jérusalem ? Qui les a construits ?
  6. Nommez quelques éléments distinctifs de l’éducation juive.
  7. Comparez le service de la synagogue à nos réunions.
  8. Définitions : a. Judaïsme b. Synagogue c. Hellénisme d. Dispersion e. Sadducéen f. Pharisien
  9. Nommez les fêtes juives principales avec leur origine et leurs caractéristiques principales. Lesquelles se célébraient uniquement à Jérusalem
  10. Lisez Manley pp. 272-274. Est-ce une preuve concluante que Jésus était le messie ? Si, oui, pourquoi les Juifs ne l’ont-ils pas reconnu ?
  11. Lecture supplémentaire, de Pressensé pp. 288 – 312.

LE MONDE SOCIAL, ECONOMIQUE ET RELIGIEUX

A. LE MONDE SOCIAL

Le monde du premier siècle n’était pas très différent du monde moderne» Les riches et les pauvres, les hommes de bien et les criminels, les hommes libres et les esclaves vivaient côte à côte. Et les conditions sociales et économiques étaient similaires à celle du présent sous plusieurs aspects,

La Société Juive

Le judaïsme, comme le monde païen, avait une aristocratie riche. Dans le judaïsme c’était un groupe religieux, composé principalement des familles des prêtres et des principaux rabbins. Ils contrôlaient le commerce qui se liait au temple et ils participaient aux revenus de la vente des animaux pour les sacrifices et du change de l’argent pour les impôts du temple. La majorité des gens de la Palestine était pauvre. Les uns étaient fermiers, d’autres artisans, quelques-uns des hommes d’affaires. L’esclavage ne se pratiquait guère dans le judaïsme, la majorité des Juifs de la Palestine était libre.

L’obligation commune que la loi imposait à ses fidèles limitait les divisions sociales parmi les Juifs. Etant tous également responsables devant Dieu d’obéir à la loi, ils étaient par conséquent égaux moralement devant lui. Quoique le Juif ait regardé un homme riche comme spécialement béni de Dieu – et donc juste, – rien n’empêchait n’importe qui d’obtenir une faveur égale par les bonnes œuvres.

La Société païenne

L’Aristocratie. Il y avait davantage de contraste entre les classes dans la société païenne. L’aristocratie se composait principalement de propriétaires terriens. Ceux-ci vivaient dans un luxe qui nous est incompréhensible.

La Bourgeoisie. Son sort était très difficile à cette époque. L’esclavage avec l’emploi des prisonniers de guerre augmentait. Ils ne pouvaient résister à la concurrence, perdaient leurs fermes et leurs domaines. Ils vinrent grossir la foule des “sans maison et sans nourriture”, qui gonflait les grandes villes.

Les Plébiens. C’était les pauvres. Ils étaient nombreux et dans un état pitoyable. Beaucoup d’entre eux manquaient de travail régulier et étaient donc en plus mauvais état matériel que les esclaves, qui avaient au moins l’assurance de la nourriture et des vêtements. Ils étaient prêts à suivre qui leur donnerait à manger et à s’amuser.

Les Esclaves et les Criminels. Les esclaves comptaient pour une bonne partie de la population romaine. Il est probable que moins que la moitié du monde romain était libre et très peu d’entre eux étaient des citoyens avec pleins droits. Les esclaves n’étaient pas forcément ignorants. Au contraire beaucoup étaient médecins, professeurs ou artisans.

L’esclavage avait un effet dégradant. Les maîtres comptaient sur le avait et l’habileté des esclaves au point de perdre leur propre ambition et ingéniosité. La moralité et le respect de soi étaient impossibles pour les esclaves dont la seule loi était la volonté arbitraire du maître, tricherie, la flatterie et la fraude étaient leurs outils pour obtenir ce qu’ils voulaient. Puisqu’ils s’occupaient de l’instruction des enfants aristocrates, leurs vices se sont répandus chez les maîtres.

Nouveau Testament mentionne plusieurs fois l’esclavage sans se prononcer, ni pour, ni contre. Paul donne des instructions aux esclaves comme aux maîtres. Telle est pourtant la force de la communion chrétienne que cette institution a graduellement faibli et a fini par disparaître.

La foule agitée des chômeurs et des déshérités offrait un terrain fertile à la production de criminels. Il y avait certes de bons citoyens mais quand on considère le caractère immoral et peu scrupuleux des empereurs et des très des autres dirigeants, on ne s’étonne pas que la société en général fût imprégnée de toutes sortes de maux. Le tableau de Romains 1:18-32 n’est pas exagéré.

La Culture Romaine

Le Théâtre. Le théâtre romain a dégénéré rapidement, car il s’adressait à l’amusement de la foule plutôt qu’à la pensée intellectuelle. Il a contribué directement à la dégradation morale du peuple par des farces et des mimes grossiers et de mauvais goût. L’action des pièces évoquait la vie la plus vulgaire, la présentation était à en rougir.

L’Arène. L’amphithéâtre avait une influence encore plus pernicieuse que le théâtre. Des luttes sanglantes étaient organisées entre hommes et bêtes, hommes et hommes, en vue d’obtenir la faveur des foules. Les participants étaient d’ordinaire des gladiateurs formés, esclaves, prisonniers de guerre, criminels condamnés ou volontaires de gloire. Ces spectacles habituaient les foules au sang versé et en aiguisaient môme l’appétit. Pour plaire il fallait sans cesse accroître la grandeur et l’horreur de ces représentations. Si le théâtre excitait l’obscénité et le désir de la population, les spectacles glorifiaient la brutalité.

Les Langues. Il y en avait quatre principales : Le latin, le grec, l’araméen et l’hébreu. Le latin était la langue des tribunaux et de la littérature de Rome. On le parlait dans le monde roman occidental, y compris l’Afrique du Nord. Le grec était la langue culturelle de l’empire, connu de toutes les personnes instruites. C’était la langue commune des contrées à l’Est de Rome, même en Palestine il est probable que Jésus et ses disciples s’en servaient pour parler aux païens. L’araméen était l’idiome dominant du Moyen-Orient. Dans le Nouveau Testament il y a des indices montrant qu’on le parlait en Palestine. L’hébreu, similaire à l’araméen, fut la langue exclusive des rabbins après Esdras, Les trois inscriptions de la croix indiquent que l’hébreu (araméen), le grec et le latin étaient courants dans le pays.

Les Ecoles. Il n’y avait que des écoles privées dans l’Empire. L’instruction de l’enfant dans une maison romaine typique commençait avec un paidagogos, un esclave chargé d’enseigner à l’enfant ses premières leçons et de l’amener à une des écoles privées. Jusqu’à sa majorité, le jeune homme était sous la surveillance de son tuteur. Les écoles étaient assez mornes. On enseignait par une répétition sans fin ponctuée de punitions corporelles. Les salles de classe étaient vides et sans attrait.

Le programme était essentiellement pratique. Les sujets de base étaient la lecture, l’écriture et l’arithmétique. Plus tard l’élève étudiait les poètes grecs et romains. Encore un peu plus tard il apprenait les éléments de la rhétorique. Les jeunes hommes riches allaient souvent aux universités grecques.

L’instruction du garçon juif suivait un plan semblable, mais avec un programme plus limité. On lui apprenait à lire et à écrire dans l’Ancien Testament. Parmi les Juifs de la dispersion, les écoles de la synagogue utilisaient sans doute le grec et l’hébreu. On y apprenait aussi les traditions des pères et les rites du judaïsme. S’il voulait devenir rabbin, le jeune homme allait étudier avec un maître de renom, ainsi Paul aux pieds de Gamaliel.

B. LE MONDE ECONOMIQUE

La Finance

Les pièces courantes de monnaie dans l’Empire étaient le “denarius” (denier) et l'”aureus” d’or (livre). Une livre valait quarante deniers. Le denier valait un peu moins qu’un franc, mais son pouvoir d’achat était bien plus élevé. C’était le salaire journalier d’un ouvrier, l’équivalent de la drachme grecque. Plusieurs villes avaient le droit de frapper leur propre monnaie et l’on ne retirait pas les pièces des nations vaincues. Ainsi plusieurs espèces de monnaie avaient cours simultanément. Les changeurs de monnaie du temple faisaient de bonnes affaires puisqu’il fallait payer les impôts ecclésiastiques uniquement en monnaie juive.

Le Transport et le Voyage

Le règne de Rome sur les provinces se trouvait facilité par son excellent système de routes. Les Romains construisaient leurs routes aussi droites que possible, coupant à travers les collines et employant des viaducs pour traverser les vallées et les rivières. Pour les construire, ils enlevaient la terre de surface, mettaient trois couches différentes de matériaux, bombant le centre pour évacuer l’eau, puis pavaient avec de la pierre. Les chaussées avaient rarement plus de quatre mètres cinquante de large, mais elles étaient lisses et durables. Il en existe encore aujourd’hui qui sont utilisées. Le long de ces voies, qui se dirigeaient dans toutes les directions, depuis Rome jusqu’aux frontières, des armées et des caravanes de commerce se déplaçaient. La poste impériale portait les dépêches gouvernementales, tandis que les maisons d’affaires privées avaient leurs propres courriers.

C.  LE MONDE RELIGIEUX

Le christianisme ne naît pas dans un vide religieux. Au contraire, la nouvelle foi en Christ a dû lutter contre des croyances religieuses fortement implantées. On en distingue cinq types.

Le Panthéon Gréco-Romain

La religion primitive de Rome était l’animisme. Les dieux personnifiaient les forces de la nature. Du contact avec la Grèce est venue la fusion des divinités grecques et romaines. Jupiter, le dieu du ciel a été identifié avec Zeus; Junon, sa femme avec Hera, et ainsi de suite. L’adoration du panthéon grec avait pourtant commencé à baisser au temps de Christ. Les grosses immoralités et les querelles insignifiantes de ces divinités les exposaient au ridicule et au mépris. Aussi n’avaient-elles pas été adorées de manière uniforme. Chaque ville ou état avait son dieu patronal. Le culte était semi-politique. On adorait automatiquement le dieu de sa ville. Quand la ville avait été vaincue, on se demandait pourquoi le dieu n’avait pas aidé.

Néanmoins ces observances publiques se maintinrent bien au-delà du premier siècle, malgré leurs affaiblissements. Un exemple du Nouveau Testament : le culte de Diane à Ephèse.

Le Culte de l’Empereur

Ce culte avait ses origines dans les titres donnés aux Grecs. La suite romaine n’était pas établie arbitrairement. L’empereur romain réunissait des pouvoirs sans précédent dans l’histoire. Le fait qu’il pouvait employer ses pouvoirs pour le bien de l’Empire suggérait l’idée qu’il devait Être au moins en partie divin. A partir d’Auguste chaque empereur a été déifié à sa mort, par vote du sénat. Ce n’est qu’à la fin du premier siècle, au temps de Domitien, qu’un empereur régnant essaie de forcer ses sujets à l’adorer. Le refus des chrétiens a amené une violente persécution. Les Romains, qui pouvaient toujours ajouter un autre dieu à leur liste, trouvaient leur attitude peu patriotique. On trouve des reflets de cette lutte dans le livre de l’Apocalypse.

Les Religions à Mystère

Ni la religion nationale ni le culte-de l’empereur n’ont vraiment satisfait les gens. Tous deux s’observaient par des sacrifices rituels; tous deux se faisaient collectivement plutôt qu’individuellement; tous deux cherchaient la protection de la divinité. Ni l’un ni l’autre n’offrait une force ou un soulagement personnel. On était donc prêt à accepter ce qui leur apporterait cet élément personnel.

Les religions à mystère ont rempli cette fonction. Elles étaient surtout d’origine orientale, malgré leur variété, elles se ressemblaient dans les grandes lignes. Chacune avait au centre un dieu mort et ressuscité. Chacune avait aussi un rite avec des formules, des lustrations, des symboles et des représentations de l’expérience du dieu. Au travers de tout cela le candidat était censé être introduit dans une relation qui le conduirait à l’immortalité.

Les religions à mystère satisfaisaient le besoin d’immortalité personnelle et d’égalité sociale. Elles offraient un débouché à l’émotion religieuse que les autres ne donnaient pas. Le Nouveau Testament n’en parle pas directement, mais voyez Co-1. 2:18,19 pour une allusion possible.

L’Occultisme

L’occultisme du temps était apparenté sous plusieurs aspects aux religions à mystère. Il s’agissait d’observances superstitieuses des masses pour les puissances de l’univers qu’ils ne pouvaient comprendre mais qu’ils pouvaient sentir vaguement. Pour eux le monde entier était habité par des esprits et des démons qu’on pouvait invoquer et qui exauçaient les vœux seulement si l’on avait les formules correctes à employer.

Les Juifs partageaient ces croyances superstitieuses avec les païens. L’intérêt juif pour la magie apparaît dans le Nouveau Testament. Les pharisiens chassaient des démons. On mentionne des sorciers comme concurrents des prédicateurs de l’Evangile. Les chrétiens d’Ephèse reconnurent que la magie des païens était contraire à l’Evangile. Le message biblique est toujours hostile à la magie.

L’astrologie a été également populaire au premier siècle. Elle se base sur l’idée que les puissances souveraines qui dirigent les planètes et la vie humaine travaillent simultanément dans les deux domaines. Le cours des planètes sous lesquels naissent les hommes leur indiquait la carrière à suivre.

Les Religions philosophiques

Les hommes abandonnent parfois la religion mais ils ne peuvent abandonner la nécessité de trouver une réponse raisonnable au problème que le monde pose pour eux. La philosophie est un essai de mettre en ordre toute la connaissance existante, de la mettre en forme systématique et de l’intégrer dans l’expérience humaine. La philosophie ne dépend jamais de la révélation de Dieu. Plusieurs systèmes philosophiques ont été créés. Quelques-uns d’entre eux subsistent encore aujourd’hui.

Questions et devoirs

Niveau 1 – Etudiez la leçon Répondez aux questions 1-9
Niveau 2 – Etudiez la leçon Lisez Manley, p 290 – 293 répondez aux questions 1 à 11
Niveau 3 – En addition au travail du niveau 2 Répondez aux questions 12 à 13
  1. Le monde du Nouveau Testament était-il bien différent du nôtre ?
  2. Comparez la société juive à celle des païens.
    • Faites une liste des choses pareilles – et des choses différentes.
  3. Quels furent les résultats de l’esclavage dans l’empire romain ?
  4. Quels furent les effets du théâtre et de l’arène sur la populace ?
  5. Quelles langues parlait-on dans l’empire romain ? En Palestine ?
  6. Qu’est-ce qui distinguait les écoles romaines de celles des Juifs ?
  7. Pourquoi les changeurs de monnaie faisaient-ils de bonnes affaires ?
  8. Etait-il facile de voyager dans l’empire romain ? Pourquoi ?
  9. Nommez les cinq espèces de religion du temps du Nouveau Testament.
  10. Donnez un exemple d’une religion à mystère et un exemple d’une religion philosophique.
  11. Quelle est la valeur des connaissances acquises dans ces deux premières leçons ?
  12. LECTURE supplémentaire – E. de Pressensé. Histoire des trois premiers siècles de l’église chrétienne. Vol. I. Le Premier siècle, pp. 149-249
  13. Comparez la scène religieuse de l’époque du Nouveau Testament à celle d’aujourd’hui.

LE MONDE DU NOUVEAU TESTAMENT

CHAPITRE I PAGES 3-8 | cours biblique | Odace

I. LE MONDE POLITIQUE

A.    L’EMPIRE ROMAIN

Au moment où fut écrit le Nouveau Testament la totalité du monde civilisé était sous la domination de Rome, à l’exception de quelques royaumes peu connus de 1’Extrême-Orient. Un empereur, assisté d’un sénat, gouvernait ce vaste empire.

Le Gouvernement provincial

L’empire romain n’avait pas de gouvernement unifié comme la France d’aujourd’hui. C’était un mélange de villes indépendantes, d’états et de territoires, le tout étant sous la direction du gouvernement central à Rome. A l’exception de l’Italie, la majeure partie du monde romain se composait de territoires régis par une administration provinciale. Il en existait deux catégories. Les provinces relativement paisibles et loyales envers Rome étaient sous la juridiction des proconsuls (Actes 13:7), responsables devant le sénat. Les provinces plus turbulentes étaient sous l’autorité de l’empereur, qui y mettait fréquemment des armées. Elles étaient gouvernées par des préfets ou des procurateurs, nommés par l’empereur et directement responsables devant lui. L’Achaîe, dont Gallion était le proconsul lors de la visite de Paul, était de la première espèce. La Palestine au temps de Christ était, au contraire, sous la direction de l’empereur dont Ponce Pilate était l’agent. On nommait les proconsuls tous les ans. Les procurateurs gardaient leurs postes aussi longtemps que l’empereur le désirait. Sous l’administration de ces fonctionnaires les provinces jouissaient d’une certaine liberté. Elles conservaient leur souveraineté locale.

Pour les unir davantage à Rome, on avait installé de petites colonies de Romains dans ces centres stratégiques.

Le culte impérial jouissait de son plus grand succès en province. L’adoration de l’état et de l’empereur a commencé avec Auguste qui ordonna que des temples soient érigés en l’honneur de Jules César à Ephèse et à Nicée par les citoyens romains qui y résidaient. Il permit aux autochtones du pays d’établir des lieux saints en son honneur. L’adoration de l’état a été développée par les conseils locaux.

B.    LES ROYAUMES HELLENIQUES

L’atmosphère culturelle du premier siècle devait son origine non seulement à l’organisation politique de Rome mais aussi à la diffusion de l’esprit hellénique. Rome avait absorbé les colonies grecques. La conquête de l’Achale avait mis à la disposition des Romains de vastes trésors d’art qu’ils avaient emportés chez eux. Les esclaves grecs, dont beaucoup étaient plus instruits que leurs maîtres, devinrent souvent des professeurs, des médecins, des comptables et des gérants de fermes ou de maisons de commerce. De plus les universités grecques de Rhodes, d’Athènes, de Tarse et d’autres villes reçurent les jeunes Romains aristocrates qui y apprirent le grec.

Les Grecs vaincus soumirent culturellement à tel point leurs vainqueurs que Rome elle-même parlait leur langue. Ce sont les successeurs d’Alexandre, les Séleucides et les Ptolémées, qui introduisirent les coutumes et les mœurs grecques en Orient. L’architecture grecque dominait les villes où ils habitaient. Le grec était la langue de la cour, devint ensuite celle du peuple. Tout, depuis les billets doux jusqu’aux communications d’affaires, s’écrivait en grec. Par moyen de cette culture l’évangile de Christ a été propagé par les premiers efforts missionnaires.

C.    L’ETAT JUIF

L’indépendance des Juifs s’acheva en 59-7 av. J-C quand les Babyloniens prirent Jérusalem. Jusqu’en 586 la Judée resta un royaume payant tribut, mais une révolte en 588 provoqua le siège de Jérusalem qui finit en 586 avec le sac total de la ville. La population fut déportée à Babylone.

La fin de l’état n’était pourtant pas la fin du judaïsme. Avec le peuple on avait emmené la loi et les prophètes. Ezéchiel y était, ainsi que Daniel. Les 70 ans de captivité ont vu la naissance de la synagogue. Des groupes de fidèles se réunirent au nom de Jéhovah et formèrent des congrégations où l’on enseignait la loi. Babylone tomba entre les mains des Perses en 538 av. J-C. Cyrus, roi de Perse, fut un despote bienveillant. Il publia le décret autorisant le retour des Juifs. Les trésors du temple leur furent rendus et la construction du temple payée par le trésor royal. 42.000 personnes seulement retournèrent pour commencer la reconstruction. Finalement, en 520, sous la prédication de Zacharie et d’Agée, le temple fut achevé et le culte rétabli. En 458 av. J-C, Esdras amena une autre délégation de Juifs sur le chemin du retour. Douze ans après, ce fut le tour de Néhémie qui rentra pour aider à la réparation de la muraille de la ville. La connaissance de la loi fut renouvelée sous Esdras, qui la lisait et l’interprétait. Ce fut pourtant Néhémie qui en appliqua strictement les principes. Sous le régime de Néhémie, Manassé, petit-fils du souverain sacrificateur, se maria avec la fille de Sanballat. On l’exila. Selon l’historien Josèphe il alla en Samarie où il construisit un temple sur le Mont Garizim établissant un culte rival devenu le centre d’adoration des samaritains.

Jusqu’au deuxième siècle avant Christ nous n’avons que peu de détails sur l’histoire des Juifs. Le sacerdoce dominait. La maison royale de David avait disparu. Avec la disparition de la monarchie, la fonction prophétique avait cessé aussi. Après Malachie, il n’y a plus aucune trace de prophétie jusqu’à Jean-Baptiste.

D.   LES ASMONEENS ET LES HERODES

Les Asmonéens

Pendant la domination grecque parut une force religieuse et politique, qui eut une forte influence en Palestine pendant une centaine d’années. Il s’agit des Asmonéens (ou des macchabées).

Vers 200 av.-Chr. la Palestine était passée sous la domination des rois de Syrie, appelés Séleucides. Vers 175 Antiochus IV, Epiphane, devint roi.

C’était un hellénisateur convaincu qui voulait établir les manières grecques chez tous ses sujets pour les unir. De nombreux Juifs s’y opposaient avec acharnement. Ils formèrent un parti appelé “les séparatistes”. Un jour, Antiochus, contrarié par les Romains en Egypte, décida d’anéantir le judaïsme une fois pour toutes. Il mit le temple à sac, érigea une statue de Zeus dans la cour et offrit une truie sur l’autel.

Pourtant, lorsqu’on voulut mettre à exécution les décrets d’Antiochus à Modin, le vieux prêtre Matathias refusa et tua l’officier. Lui, ses cinq fils et d’autres s’enfuirent dans les montagnes de la Judée. La résistance s’organisa. Le membre le plus illustre de cette famille fut Judas Macchabée (le marteau). Il secoua le joug syrien, purifia le temple et rétablit les sacrifices. Depuis lors, on célèbre chaque année ce grand événement : c’est la fête de la Dédicace

Judas fut tué à son tour, mais la famille continua la lutte contre les Syriens. La victoire changea plusieurs fois de camp. Durant cette période, les descendants des Macchabées prirent d’abord la fonction de souverain sacrificateur et ensuite celle de roi. Ils ont régné jusqu’en 63 av. J-C, quand les Romains envahirent la Palestine.

Les Hérodes

Au moment de l’invasion romaine les Asmonéens luttaient entre eux préparant ainsi la voie à un changement de règne, celui des Hérodes.

La dynastie hérodienne a commencé avec Antipater. Iduméen par naissance et gouverneur d’Idumée, il devint ami et conseiller de Hyrcan, l’un des derniers Asmonéens. Il persuada Hyrcan de lutter contre son propre frère Aristobule, qui avait usurpé sa place de roi. Les Romains appuyèrent Hyrcan qui fut finalement nommé éthnarque de la Palestine et confirmé dans le poste de souverain sacrificateur. Pourtant Antipater restait puissant derrière le trône. La Palestine fut réduite en étendue et rattachée à la province romaine de la Syrie

Peu à peu Antipater prenait de l’importance, tandis que Hyrcan en perdait à tel point que le premier devint procurateur romain de la Palestine. Les Juifs le détestaient, malgré l’aide qu’il leur avait apportée, à cause de sa naissance iduméenne. Pourtant il était bien secondé par ses deux fils, Phasaël, préfet de Jérusalem, et Hérode, gouverneur de la Galilée.

Hérode, appelé le Grand, avait hérité toute l’habileté diplomatique et politique de son père, qui avait été empoisonné. Hyrcan, lui craignait la puissance croissante de cet homme. Pour éviter des problèmes de ce côté-là Hérode prit comme deuxième femme Mariamne, petite-fille d’Hyrcan. Par cette alliance, il fortifiait sa position et entrait en môme temps dans la famille royale.

Par toute une suite de circonstances et de guerres, trop compliquées pour notre étude, Hérode se vit établir roi de Judée, puis procurateur de la Syrie.

Pendant son règne il entreprit des constructions importantes. Il fit rebâtir le Temple et agrandir l’emplacement par la construction d’un ouvrage de soutènement dont une partie constitue “le Mur des Lamentations”. Le palais qu’il se fit construire était encore plus beau que le Temple. Il agrandit aussi la ville de Samarie et y construisit un temple à César Auguste. Il fonda la ville de Césarée.

Sa vie ne fut qu’une suite d’intrigues, de querelles     et de méchancetés atroce. Il avait la capacité de faire beaucoup de bien, mais il fit, au contraire, beaucoup de mal – parmi bien d’autres choses, le massacre des enfants de Béthléhem.

IL mourut brisé en esprit, tourmenté par la maladie et torturé par le doute ; et le remords.

Avec la mort d’Hérode le Grand une nouvelle époque commence. La période de semi-indépendance de la Judée a pris fin. Rome va faire sentir sa souveraineté plus directement. Voyez le schéma sur la page suivante pour la liste des autres Hérodes qui ont régné sur une partie de la Palestine.

Les rois régnant du Nouveau Testament sont indiqués en lettres majuscules, les femmes et parents par mariage sont soulignés. Les autres sont en minuscules.

Questions et devoirs

Niveau 1 – Etudiez la leçon Répondez aux questions 1-8
Niveau 2 – Etudiez la leçon Lisez Manley, p 275 – 289 et répondez aux question 1 à 10
Niveau 3 – Travail niveau 2 & Répondez à la question 11
  1. Quel empire régnait au moment du Nouveau Testament ?
  2. Quels étaient les deux espèces de gouvernement provincial ?
    • Qu’est-ce qui les distinguait ?
    • Donnez un exemple biblique de chacune.
  3. Qu’est-ce que les Romains ont fait pour unir les provinces à Rome ?
  4. Quelle était la deuxième forte influence dans le monde du Nouveau Testament ? Comment s’est-elle diffusée dans l’empire romain ?
  5. Quand et comment l’indépendance des Juifs a-t-elle pris fin ? Le judaïsme a-t-il pris, fin aussi ?
  6. Décrivez, en quelques mots, le retour des Juifs en Palestine
  7. Qui étaient les Asmonéens ? Qui était le plus important d’entre eux ? Pourquoi ?
  8. Qui étaient les Hérodes ? Qui était le plus important d’entre eux ? Pourquoi ?
  9. Pourquoi est-il important d’avoir quelques connaissances du contexte historique de l’époque ?
  10. Quelle fut la contribution de chacun de ces peuples à la préparation de l’Evangile ?
    1. Les Perses
    2. Les Grecs
    3. Les Romains
  11. Expliquez la relation entre l’empereur romain, le procurateur, Hérode et le Sanhédrin juif qui régnaient en môme temps. A la lumière de cela expliquez la situation politique lors du massacre des enfants à Bethléem, lors de la mort de Jean-Baptiste, lors de la crucifixion de 3ésus et lors de l’arrestation de Paul.  Voir Tenney pp. 247 – 249

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