LE MONDE SOCIAL, ECONOMIQUE ET RELIGIEUX

A. LE MONDE SOCIAL

Le monde du premier siècle n’était pas très différent du monde moderne» Les riches et les pauvres, les hommes de bien et les criminels, les hommes libres et les esclaves vivaient côte à côte. Et les conditions sociales et économiques étaient similaires à celle du présent sous plusieurs aspects,

La Société Juive

Le judaïsme, comme le monde païen, avait une aristocratie riche. Dans le judaïsme c’était un groupe religieux, composé principalement des familles des prêtres et des principaux rabbins. Ils contrôlaient le commerce qui se liait au temple et ils participaient aux revenus de la vente des animaux pour les sacrifices et du change de l’argent pour les impôts du temple. La majorité des gens de la Palestine était pauvre. Les uns étaient fermiers, d’autres artisans, quelques-uns des hommes d’affaires. L’esclavage ne se pratiquait guère dans le judaïsme, la majorité des Juifs de la Palestine était libre.

L’obligation commune que la loi imposait à ses fidèles limitait les divisions sociales parmi les Juifs. Etant tous également responsables devant Dieu d’obéir à la loi, ils étaient par conséquent égaux moralement devant lui. Quoique le Juif ait regardé un homme riche comme spécialement béni de Dieu – et donc juste, – rien n’empêchait n’importe qui d’obtenir une faveur égale par les bonnes œuvres.

La Société païenne

L’Aristocratie. Il y avait davantage de contraste entre les classes dans la société païenne. L’aristocratie se composait principalement de propriétaires terriens. Ceux-ci vivaient dans un luxe qui nous est incompréhensible.

La Bourgeoisie. Son sort était très difficile à cette époque. L’esclavage avec l’emploi des prisonniers de guerre augmentait. Ils ne pouvaient résister à la concurrence, perdaient leurs fermes et leurs domaines. Ils vinrent grossir la foule des “sans maison et sans nourriture”, qui gonflait les grandes villes.

Les Plébiens. C’était les pauvres. Ils étaient nombreux et dans un état pitoyable. Beaucoup d’entre eux manquaient de travail régulier et étaient donc en plus mauvais état matériel que les esclaves, qui avaient au moins l’assurance de la nourriture et des vêtements. Ils étaient prêts à suivre qui leur donnerait à manger et à s’amuser.

Les Esclaves et les Criminels. Les esclaves comptaient pour une bonne partie de la population romaine. Il est probable que moins que la moitié du monde romain était libre et très peu d’entre eux étaient des citoyens avec pleins droits. Les esclaves n’étaient pas forcément ignorants. Au contraire beaucoup étaient médecins, professeurs ou artisans.

L’esclavage avait un effet dégradant. Les maîtres comptaient sur le avait et l’habileté des esclaves au point de perdre leur propre ambition et ingéniosité. La moralité et le respect de soi étaient impossibles pour les esclaves dont la seule loi était la volonté arbitraire du maître, tricherie, la flatterie et la fraude étaient leurs outils pour obtenir ce qu’ils voulaient. Puisqu’ils s’occupaient de l’instruction des enfants aristocrates, leurs vices se sont répandus chez les maîtres.

Nouveau Testament mentionne plusieurs fois l’esclavage sans se prononcer, ni pour, ni contre. Paul donne des instructions aux esclaves comme aux maîtres. Telle est pourtant la force de la communion chrétienne que cette institution a graduellement faibli et a fini par disparaître.

La foule agitée des chômeurs et des déshérités offrait un terrain fertile à la production de criminels. Il y avait certes de bons citoyens mais quand on considère le caractère immoral et peu scrupuleux des empereurs et des très des autres dirigeants, on ne s’étonne pas que la société en général fût imprégnée de toutes sortes de maux. Le tableau de Romains 1:18-32 n’est pas exagéré.

La Culture Romaine

Le Théâtre. Le théâtre romain a dégénéré rapidement, car il s’adressait à l’amusement de la foule plutôt qu’à la pensée intellectuelle. Il a contribué directement à la dégradation morale du peuple par des farces et des mimes grossiers et de mauvais goût. L’action des pièces évoquait la vie la plus vulgaire, la présentation était à en rougir.

L’Arène. L’amphithéâtre avait une influence encore plus pernicieuse que le théâtre. Des luttes sanglantes étaient organisées entre hommes et bêtes, hommes et hommes, en vue d’obtenir la faveur des foules. Les participants étaient d’ordinaire des gladiateurs formés, esclaves, prisonniers de guerre, criminels condamnés ou volontaires de gloire. Ces spectacles habituaient les foules au sang versé et en aiguisaient môme l’appétit. Pour plaire il fallait sans cesse accroître la grandeur et l’horreur de ces représentations. Si le théâtre excitait l’obscénité et le désir de la population, les spectacles glorifiaient la brutalité.

Les Langues. Il y en avait quatre principales : Le latin, le grec, l’araméen et l’hébreu. Le latin était la langue des tribunaux et de la littérature de Rome. On le parlait dans le monde roman occidental, y compris l’Afrique du Nord. Le grec était la langue culturelle de l’empire, connu de toutes les personnes instruites. C’était la langue commune des contrées à l’Est de Rome, même en Palestine il est probable que Jésus et ses disciples s’en servaient pour parler aux païens. L’araméen était l’idiome dominant du Moyen-Orient. Dans le Nouveau Testament il y a des indices montrant qu’on le parlait en Palestine. L’hébreu, similaire à l’araméen, fut la langue exclusive des rabbins après Esdras, Les trois inscriptions de la croix indiquent que l’hébreu (araméen), le grec et le latin étaient courants dans le pays.

Les Ecoles. Il n’y avait que des écoles privées dans l’Empire. L’instruction de l’enfant dans une maison romaine typique commençait avec un paidagogos, un esclave chargé d’enseigner à l’enfant ses premières leçons et de l’amener à une des écoles privées. Jusqu’à sa majorité, le jeune homme était sous la surveillance de son tuteur. Les écoles étaient assez mornes. On enseignait par une répétition sans fin ponctuée de punitions corporelles. Les salles de classe étaient vides et sans attrait.

Le programme était essentiellement pratique. Les sujets de base étaient la lecture, l’écriture et l’arithmétique. Plus tard l’élève étudiait les poètes grecs et romains. Encore un peu plus tard il apprenait les éléments de la rhétorique. Les jeunes hommes riches allaient souvent aux universités grecques.

L’instruction du garçon juif suivait un plan semblable, mais avec un programme plus limité. On lui apprenait à lire et à écrire dans l’Ancien Testament. Parmi les Juifs de la dispersion, les écoles de la synagogue utilisaient sans doute le grec et l’hébreu. On y apprenait aussi les traditions des pères et les rites du judaïsme. S’il voulait devenir rabbin, le jeune homme allait étudier avec un maître de renom, ainsi Paul aux pieds de Gamaliel.

B. LE MONDE ECONOMIQUE

La Finance

Les pièces courantes de monnaie dans l’Empire étaient le “denarius” (denier) et l'”aureus” d’or (livre). Une livre valait quarante deniers. Le denier valait un peu moins qu’un franc, mais son pouvoir d’achat était bien plus élevé. C’était le salaire journalier d’un ouvrier, l’équivalent de la drachme grecque. Plusieurs villes avaient le droit de frapper leur propre monnaie et l’on ne retirait pas les pièces des nations vaincues. Ainsi plusieurs espèces de monnaie avaient cours simultanément. Les changeurs de monnaie du temple faisaient de bonnes affaires puisqu’il fallait payer les impôts ecclésiastiques uniquement en monnaie juive.

Le Transport et le Voyage

Le règne de Rome sur les provinces se trouvait facilité par son excellent système de routes. Les Romains construisaient leurs routes aussi droites que possible, coupant à travers les collines et employant des viaducs pour traverser les vallées et les rivières. Pour les construire, ils enlevaient la terre de surface, mettaient trois couches différentes de matériaux, bombant le centre pour évacuer l’eau, puis pavaient avec de la pierre. Les chaussées avaient rarement plus de quatre mètres cinquante de large, mais elles étaient lisses et durables. Il en existe encore aujourd’hui qui sont utilisées. Le long de ces voies, qui se dirigeaient dans toutes les directions, depuis Rome jusqu’aux frontières, des armées et des caravanes de commerce se déplaçaient. La poste impériale portait les dépêches gouvernementales, tandis que les maisons d’affaires privées avaient leurs propres courriers.

C.  LE MONDE RELIGIEUX

Le christianisme ne naît pas dans un vide religieux. Au contraire, la nouvelle foi en Christ a dû lutter contre des croyances religieuses fortement implantées. On en distingue cinq types.

Le Panthéon Gréco-Romain

La religion primitive de Rome était l’animisme. Les dieux personnifiaient les forces de la nature. Du contact avec la Grèce est venue la fusion des divinités grecques et romaines. Jupiter, le dieu du ciel a été identifié avec Zeus; Junon, sa femme avec Hera, et ainsi de suite. L’adoration du panthéon grec avait pourtant commencé à baisser au temps de Christ. Les grosses immoralités et les querelles insignifiantes de ces divinités les exposaient au ridicule et au mépris. Aussi n’avaient-elles pas été adorées de manière uniforme. Chaque ville ou état avait son dieu patronal. Le culte était semi-politique. On adorait automatiquement le dieu de sa ville. Quand la ville avait été vaincue, on se demandait pourquoi le dieu n’avait pas aidé.

Néanmoins ces observances publiques se maintinrent bien au-delà du premier siècle, malgré leurs affaiblissements. Un exemple du Nouveau Testament : le culte de Diane à Ephèse.

Le Culte de l’Empereur

Ce culte avait ses origines dans les titres donnés aux Grecs. La suite romaine n’était pas établie arbitrairement. L’empereur romain réunissait des pouvoirs sans précédent dans l’histoire. Le fait qu’il pouvait employer ses pouvoirs pour le bien de l’Empire suggérait l’idée qu’il devait Être au moins en partie divin. A partir d’Auguste chaque empereur a été déifié à sa mort, par vote du sénat. Ce n’est qu’à la fin du premier siècle, au temps de Domitien, qu’un empereur régnant essaie de forcer ses sujets à l’adorer. Le refus des chrétiens a amené une violente persécution. Les Romains, qui pouvaient toujours ajouter un autre dieu à leur liste, trouvaient leur attitude peu patriotique. On trouve des reflets de cette lutte dans le livre de l’Apocalypse.

Les Religions à Mystère

Ni la religion nationale ni le culte-de l’empereur n’ont vraiment satisfait les gens. Tous deux s’observaient par des sacrifices rituels; tous deux se faisaient collectivement plutôt qu’individuellement; tous deux cherchaient la protection de la divinité. Ni l’un ni l’autre n’offrait une force ou un soulagement personnel. On était donc prêt à accepter ce qui leur apporterait cet élément personnel.

Les religions à mystère ont rempli cette fonction. Elles étaient surtout d’origine orientale, malgré leur variété, elles se ressemblaient dans les grandes lignes. Chacune avait au centre un dieu mort et ressuscité. Chacune avait aussi un rite avec des formules, des lustrations, des symboles et des représentations de l’expérience du dieu. Au travers de tout cela le candidat était censé être introduit dans une relation qui le conduirait à l’immortalité.

Les religions à mystère satisfaisaient le besoin d’immortalité personnelle et d’égalité sociale. Elles offraient un débouché à l’émotion religieuse que les autres ne donnaient pas. Le Nouveau Testament n’en parle pas directement, mais voyez Co-1. 2:18,19 pour une allusion possible.

L’Occultisme

L’occultisme du temps était apparenté sous plusieurs aspects aux religions à mystère. Il s’agissait d’observances superstitieuses des masses pour les puissances de l’univers qu’ils ne pouvaient comprendre mais qu’ils pouvaient sentir vaguement. Pour eux le monde entier était habité par des esprits et des démons qu’on pouvait invoquer et qui exauçaient les vœux seulement si l’on avait les formules correctes à employer.

Les Juifs partageaient ces croyances superstitieuses avec les païens. L’intérêt juif pour la magie apparaît dans le Nouveau Testament. Les pharisiens chassaient des démons. On mentionne des sorciers comme concurrents des prédicateurs de l’Evangile. Les chrétiens d’Ephèse reconnurent que la magie des païens était contraire à l’Evangile. Le message biblique est toujours hostile à la magie.

L’astrologie a été également populaire au premier siècle. Elle se base sur l’idée que les puissances souveraines qui dirigent les planètes et la vie humaine travaillent simultanément dans les deux domaines. Le cours des planètes sous lesquels naissent les hommes leur indiquait la carrière à suivre.

Les Religions philosophiques

Les hommes abandonnent parfois la religion mais ils ne peuvent abandonner la nécessité de trouver une réponse raisonnable au problème que le monde pose pour eux. La philosophie est un essai de mettre en ordre toute la connaissance existante, de la mettre en forme systématique et de l’intégrer dans l’expérience humaine. La philosophie ne dépend jamais de la révélation de Dieu. Plusieurs systèmes philosophiques ont été créés. Quelques-uns d’entre eux subsistent encore aujourd’hui.

Questions et devoirs

Niveau 1 – Etudiez la leçon Répondez aux questions 1-9
Niveau 2 – Etudiez la leçon Lisez Manley, p 290 – 293 répondez aux questions 1 à 11
Niveau 3 – En addition au travail du niveau 2 Répondez aux questions 12 à 13
  1. Le monde du Nouveau Testament était-il bien différent du nôtre ?
  2. Comparez la société juive à celle des païens.
    • Faites une liste des choses pareilles – et des choses différentes.
  3. Quels furent les résultats de l’esclavage dans l’empire romain ?
  4. Quels furent les effets du théâtre et de l’arène sur la populace ?
  5. Quelles langues parlait-on dans l’empire romain ? En Palestine ?
  6. Qu’est-ce qui distinguait les écoles romaines de celles des Juifs ?
  7. Pourquoi les changeurs de monnaie faisaient-ils de bonnes affaires ?
  8. Etait-il facile de voyager dans l’empire romain ? Pourquoi ?
  9. Nommez les cinq espèces de religion du temps du Nouveau Testament.
  10. Donnez un exemple d’une religion à mystère et un exemple d’une religion philosophique.
  11. Quelle est la valeur des connaissances acquises dans ces deux premières leçons ?
  12. LECTURE supplémentaire – E. de Pressensé. Histoire des trois premiers siècles de l’église chrétienne. Vol. I. Le Premier siècle, pp. 149-249
  13. Comparez la scène religieuse de l’époque du Nouveau Testament à celle d’aujourd’hui.